Secteurs en difficulté : transport, bâtiment et gestion des déchets
Tous les secteurs ne contribuent pas de la même manière à la décarbonation. Certains, comme les transports et les déchets, accusent un retard préoccupant. Depuis 2016, les émissions liées aux déchets stagnent, tandis que celles des transports restent difficiles à réduire en raison de la demande élevée, tant pour les biens que pour les personnes. De même, le secteur du bâtiment n’a pas suffisamment misé sur des rénovations lourdes et efficaces, préférant des mesures partielles et une électrification du chauffage, souvent inefficace sans amélioration profonde de l’isolation thermique.
Par ailleurs, les émissions importées, générées par les produits que la France consomme mais qui sont fabriqués ailleurs, constituent une autre problématique de taille. Ces émissions représentent 1,6 fois les émissions territoriales et, bien que des marges de manœuvre existent pour les réduire, elles restent limitées. Ces émissions dépendent en grande partie des progrès de la décarbonation dans les pays exportateurs, une tendance qui commence à s’améliorer, en Europe notamment, et même en Chine où la hausse des émissions ralentit.
Financements, adaptation et transition juste : des lacunes à combler
Le rapport du HCC souligne que si la France est sur la bonne voie pour atteindre les objectifs de 2030, elle est loin d’être préparée pour la neutralité carbone en 2050. Le HCC estime qu’il manque entre 60 et 70 milliards d’euros par an en investissements supplémentaires pour atteindre ces objectifs, sans compter la nécessité de mettre un terme aux subventions accordées aux énergies fossiles. Pour inciter les acteurs privés à s’engager, des politiques publiques stables et prévisibles sont indispensables, mais de nombreux documents stratégiques attendus, comme la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PEE) et la Stratégie nationale bas-carbone (SNBC), n’ont toujours pas été publiés.
Le ministère de la Transition écologique a promis de combler ce retard, mais la cohérence des actions reste une préoccupation majeure. La complexité du nouveau périmètre du ministère rend la coordination difficile, et des arbitrages délicats devront être rendus par Matignon.
Enfin, le HCC appelle à un changement d’approche en matière d’adaptation au changement climatique. Plutôt que de simplement réagir aux crises climatiques, la France doit anticiper et se préparer de manière proactive. Certaines régions atteignent déjà les limites de l’adaptation, notamment en ce qui concerne la disponibilité en eau et la lutte contre les incendies. Il est essentiel de renforcer la résilience des territoires tout en assurant une « transition juste » qui protège les plus vulnérables et ne laisse personne de côté.
Un rapport entre espoir et mise en garde
Le rapport du HCC envoie un double message : celui de la satisfaction vis-à-vis des progrès récents, mais aussi d’une mise en garde sévère sur les efforts restants. Si la France semble sur la bonne voie pour les objectifs de 2030, les défis pour 2050 sont immenses et nécessiteront une coordination renforcée, des investissements ambitieux, et surtout, une vision à long terme cohérente et partagée par tous les acteurs.
La transition écologique française est à un carrefour : les avancées sont notables, mais les écueils sont nombreux. Seule une politique audacieuse et bien coordonnée permettra de continuer sur la voie de la neutralité carbone, tout en veillant à ne pas laisser les plus vulnérables au bord de la route. Le message du HCC est un appel à la mobilisation générale, pour le climat d’aujourd’hui et de demain.