RE2020 : vers une construction neuve plus verte et plus responsable

La réglementation environnementale RE2020 est la norme française actuelle pour la construction neuve, remplaçant la réglementation thermique RT2012. Son objectif ? Transformer notre manière de concevoir des bâtiments pour réduire leur empreinte carbone et mieux les préparer aux défis climatiques à venir.

La genèse de la RE2020 : une ambition écologique forte

Instaurée dans le cadre des lois sur la transition énergétique (2015) et l’évolution du logement (loi ELAN de 2018), la RE2020 va au-delà des préoccupations énergétiques traditionnelles. Elle vise à répondre à trois grandes ambitions : réduire la consommation énergétique, décarboner les sources d’énergie, et améliorer le confort estival. Ces nouvelles exigences couvrent désormais l’ensemble du cycle de vie des bâtiments, prenant en compte non seulement les émissions durant l’utilisation, mais également celles générées lors de la construction.

Objectifs et bâtiments concernés

La RE2020 s’applique depuis janvier 2022 aux habitations, et depuis juillet 2022 aux bureaux et établissements scolaires. Elle s’étend même aux petites extensions et constructions provisoires depuis 2023. Cependant, elle exclut les bâtiments situés dans les départements d’outre-mer, en raison de leurs spécificités climatiques et techniques.

Ce qui distingue particulièrement la RE2020, c’est qu’elle impose des critères de performance bioclimatique qui ne concernent pas seulement le chauffage, la ventilation, et l’éclairage, mais aussi la consommation d’électricité pour des éléments tels que les ascenseurs, les parkings, et les espaces communs. En intégrant ces usages, la réglementation vise une compréhension globale de la performance énergétique.

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Les nouveautés par rapport à la RT2012

Par rapport à la RT2012, la RE2020 représente un saut qualitatif en matière de durabilité :

  • Evaluation élargie des consommations : la RE2020 intègre des usages supplémentaires, comme les ascenseurs, les parkings, et la circulation dans les immeubles collectifs, afin d’obtenir une vision plus complète des consommations énergétiques.
  • Indicateurs plus stricts : l’introduction d’un nouvel indicateur (Cep,nr) qui mesure spécifiquement la consommation d’énergie primaire non renouvelable vise à encourager le recours aux énergies renouvelables. Par ailleurs, l’indicateur de confort estival a été repensé pour mieux représenter l’inconfort ressenti lors de vagues de chaleur, avec une mesure en « degré-heure d’inconfort » (DH).
  • Scénarios plus réalistes : la RE2020 met à jour les scénarios météorologiques utilisés dans les calculs de performance. Cette adaptation reflète des données climatiques récentes (2000-2018), permettant aux bâtiments de mieux faire face aux étés de plus en plus chauds.

Une décarbonation en marche

La RE2020 est particulièrement exigeante sur la réduction de l’empreinte carbone des bâtiments neufs. À travers une analyse approfondie du cycle de vie des matériaux de construction, elle favorise les solutions à faible impact environnemental. Cela se traduit notamment par une mise en avant des énergies renouvelables (bois, énergie solaire captée sur place) et une moindre pénalisation de l’électricité, dont le coefficient de conversion en énergie primaire a été réduit de 2,58 à 2,3. Ainsi, le chauffage électrique, autrefois critiqué pour son inefficacité, est aujourd’hui mieux considéré.

Vers la fin des chaudières à gaz et des coûts accrus

L’impact économique de la RE2020 n’est pas négligeable. Le Sénat a évalué une hausse des coûts de construction de 5 à 8 % d’ici 2030, en raison des exigences accrues en matière de performance énergétique et de choix de matériaux. De plus, la réglementation devrait mener à la disparition progressive des chaudières à gaz, remplacées par des alternatives telles que les pompes à chaleur.

Ce tournant vers des bâtiments plus verts se reflète également dans les prévisions de consommation : une baisse significative du gaz (7,4 TWh d’ici 2030) et une hausse de la consommation électrique (1,5 TWh), contribuant à réduire les émissions de gaz à effet de serre de 1,6 million de tonnes de CO2 chaque année.

Un premier pas, mais pas suffisant pour le parc immobilier existant

Malgré ces avancées prometteuses, il est important de rappeler que la RE2020 ne s’applique qu’aux bâtiments neufs, qui représentent environ 1 % du parc immobilier français. Pour avoir un réel impact sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre, des mesures fortes en faveur de la rénovation du parc existant sont indispensables, notamment pour les 37 millions de logements déjà construits. C’est ici que se joueront les véritables enjeux de la transition écologique du secteur immobilier.

Des attestations de conformité plus strictes

Afin de garantir que les constructions respectent bien les normes de la RE2020, le processus de certification a été renforcé. Deux attestations sont nécessaires : une lors de la demande de permis de construire, qui comprend une étude de faisabilité énergétique et une analyse du cycle de vie du bâtiment, et une autre à la fin des travaux, rédigée par un professionnel habilité. Ces documents témoignent du respect des nouvelles exigences, et un outil informatique spécifique mis à disposition par le ministère simplifie cette procédure.

Une révolution pour le secteur de la construction

La RE2020 marque une avancée significative vers une construction plus durable, prenant en compte non seulement la consommation d’énergie en usage, mais aussi l’impact carbone global des bâtiments. Elle fixe un cadre ambitieux pour les constructions neuves en France, contribuant à la lutte contre le changement climatique et à la réduction de notre dépendance aux énergies fossiles.

Si la RE2020 est un pas en avant, il reste beaucoup à faire pour transformer l’ensemble du secteur du bâtiment, notamment en matière de rénovation énergétique. L’avenir de la performance environnementale se joue aussi et surtout dans la transformation de l’immobilier existant. Il ne s’agit donc pas seulement de mieux construire, mais de rénover massivement et efficacement.

  • Mélanie Lefèvre Cap Soleil Energie

    Je suis Mélanie Lefèvre, journaliste spécialisée dans les actualités sur les énergies renouvelables. 🌿 Titulaire d'un diplôme en journalisme et passionnée par les questions environnementales, j'ai débuté ma carrière en couvrant des sujets variés liés à la transition énergétique. 📄 Depuis plusieurs années, je me concentre sur les énergies renouvelables, offrant une couverture complète et actuelle des évolutions dans ce secteur en plein essor. 🔋 Mon ambition est de rendre ces informations accessibles, claires et engageantes pour sensibiliser le plus grand nombre à l'importance de l'énergie propre. 🌍

    Journaliste sur l'actualité des énergies renouvelables