Rénover pour protéger, en été comme en hiver
En tête des solutions prônées par les associations figure la rénovation énergétique des logements. Morgane Créach, directrice du Réseau Action Climat, dénonce le manque de réactivité des pouvoirs publics, accusés de repousser sans cesse les décisions cruciales en matière de rénovation. Elle rappelle que l’urgence n’est pas seulement hivernale : « Quand on parle de passoires thermiques en hiver, c’est une bouilloire en été », dit-elle, soulignant l’importance de logements adaptés pour faire face aux changements climatiques.
En France, 4,8 millions de logements sont encore classés F ou G selon les diagnostics de performance énergétique, ce qui en fait des passoires thermiques. Damien Barbosa, coordinateur du collectif Rénovons, plaide pour une politique de rénovation ambitieuse, stable et financée. Mais alors que le budget alloué à l’aide MaPrimeRénov’ pourrait être réduit de 1,5 milliard d’euros en 2025, le doute plane quant aux moyens réels disponibles pour atteindre les objectifs de rénovation, pourtant inscrits dans la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE).
Protéger les locataires et garantir des aides accessibles
La rénovation énergétique est également un enjeu de justice sociale. À compter de janvier 2025, la loi Climat et Résilience interdira la location des logements classés G, mais cette interdiction est menacée par des propositions d’amendements visant à introduire des exceptions, notamment pour les copropriétés. « Il est essentiel de préserver l’essence de cette loi, pour qu’elle ne soit pas vidée de son contenu », avertit Damien Barbosa.
Les associations pointent également la nécessité de rendre les aides à la rénovation accessibles à tous les foyers, y compris les ménages précaires pour qui un reste à charge, même minime, peut être dissuasif. Selon l’Observatoire national de la précarité énergétique, de nombreux foyers renoncent ou repoussent leurs projets faute de ressources pour financer l’entièreté des travaux.
Appels à renforcer le chèque énergie et à interdire les coupures d’électricité
La Fondation Abbé-Pierre exhorte par ailleurs l’État à tripler le montant du chèque énergie, actuellement de 150 euros, pour le porter à 450 euros. Cette aide essentielle concerne 6 millions de ménages, mais sa distribution automatique est remise en question en raison de la suppression de la taxe d’habitation. Christophe Robert appelle à un versement simplifié, lié à la déclaration de revenus, pour éviter de priver les foyers les plus vulnérables de cette aide cruciale.
Les associations demandent également une interdiction législative des coupures d’électricité pour impayés, même en dehors de la trêve hivernale. Si EDF applique déjà une réduction de puissance plutôt qu’une coupure totale, cette pratique pourrait être étendue à l’ensemble des fournisseurs, offrant aux ménages la possibilité de maintenir une consommation minimale indispensable.
Une réponse qui tarde, alors que la précarité énergétique continue de progresser
Les associations impliquées dans la lutte contre la précarité énergétique mettent en garde contre l’inaction et les reports successifs. Elles appellent les autorités à garantir des financements adaptés et à privilégier une approche résolument sociale dans les décisions à venir, pour que la rénovation énergétique devienne un droit accessible à tous. Au-delà de l’urgence climatique, c’est une question de dignité humaine pour des millions de Français qui, sans action concrète, risquent de continuer à subir l’hiver dans des logements trop chers à chauffer et trop coûteux à rénover.