Une transition « juste » sous les projecteurs
Le concept de « transition énergétique juste » se veut un modèle intégrant les dimensions sociales et économiques pour éviter que la lutte contre le changement climatique n’exacerbe les inégalités. En Afrique du Sud, la fermeture en 2022 de la centrale de Komati illustre les écueils d’un tel projet : si les employés directs d’Eskom ont été reclassés, la communauté locale, dépendante de cette activité, a été laissée pour compte.
Cette erreur a conduit les bailleurs de fonds, comme l’Agence française de développement (AFD), à réorienter leur soutien. Un prêt de 400 millions d’euros récemment accordé met ainsi l’accent sur la reconversion économique des communautés affectées par l’abandon du charbon. Pour Dipak Patel, commissaire présidentiel au climat, ce cadre représente une avancée : « Il faut répondre aux besoins socio-économiques spécifiques de chaque pays pour garantir l’adhésion populaire. »
Un soutien international encore insuffisant
Depuis la COP26 en 2021, le JETP a permis de mobiliser 11,5 milliards de dollars pour soutenir l’Afrique du Sud. Si ce montant marque un record, il reste bien en deçà des 100 milliards nécessaires selon Pretoria. En outre, les fonds sont principalement constitués de prêts, pesant davantage sur une économie déjà fragile.
Malgré ces limites, des avancées institutionnelles notables ont été réalisées. En octobre 2024, la création d’une compagnie publique indépendante pour la transmission électrique a été saluée comme un tournant. Cette réforme, couplée à la formation d’un gouvernement d’union nationale en juin, pourrait accélérer les investissements dans les énergies propres.
Une route semée d’embûches mais prometteuse
Pour Cyril Ramaphosa, la transition énergétique offre une opportunité unique de redessiner l’économie sud-africaine tout en répondant à des défis locaux tels que le chômage et la pauvreté. Cependant, la lenteur des réformes, les résistances politiques et l’insuffisance des financements internationaux compliquent cette ambition.
Malgré tout, le JETP a ouvert la voie à un dialogue inédit entre pays riches et pays émergents. Si le chemin est encore long, l’Afrique du Sud pourrait bien devenir un laboratoire mondial pour une transition énergétique inclusive et équitable, condition sine qua non pour que le combat contre le réchauffement climatique s’allie à la justice sociale.