Une transition source d’avantages compétitifs pour les entreprises
La décarbonation est en passe de devenir un critère essentiel de compétitivité pour les entreprises. Waserman souligne que dès 2026, toutes les offres publiques devront intégrer des clauses environnementales, renforçant ainsi la pression sur les acteurs économiques. Les entreprises qui ne s’adaptent pas risquent d’être exclues des chaînes de valeur. Pour certaines industries, comme la verrerie, dont les clients du secteur du luxe s’engagent à être 100% décarbonés d’ici 2030, cette transition est une question de survie économique.
En réponse à ces enjeux, l’Ademe a déjà soutenu de grands groupes industriels dans leurs projets de décarbonation, leur apportant à la fois des financements et une expertise unique. L’agence se présente ainsi comme un observatoire transversal, capable de mettre en lien des innovations et des bonnes pratiques issues de secteurs variés.
Nouveaux modèles économiques et opportunités d’innovation
Pour Waserman, la décarbonation est également une formidable opportunité pour inventer de nouveaux modèles économiques. L’Ademe a accompagné pendant 18 mois huit entreprises dans ce sens. Inspiré par l’exemple de Michelin, qui vend désormais des kilomètres plutôt que des pneus, ou d’Elis, qui a instauré un modèle de location de textiles, l’objectif est de repenser la conception des produits pour les rendre plus durables. L’agence met également en lumière une entreprise du secteur agricole qui, au lieu de vendre des pesticides, commercialise maintenant des hectares de cultures saines grâce à des outils de précision, réduisant ainsi l’usage de produits chimiques tout en augmentant sa marge.
L’importance de la transparence et de la crédibilité des trajectoires de décarbonation
Pour garantir la crédibilité des engagements de décarbonation des entreprises, l’Ademe a développé la méthode ACT (Accelerate Climate Transition). Cette méthodologie évalue objectivement les efforts des entreprises, offrant une arme efficace contre le « greenwashing ». ACT est déjà utilisée par des grands groupes comme Carrefour, qui a impliqué ses principaux fournisseurs pour adopter des pratiques durables.
Le partenariat récent avec la Banque de France va encore renforcer l’utilisation de cette méthodologie, contribuant à orienter les financements vers la finance verte. Ce partenariat se veut une réponse à la directive européenne CSRD, qui contraindra bientôt les grandes entreprises à publier leurs plans de transition dès 2025.
Vers une économie décarbonée et résiliente
La transition écologique, loin d’être une contrainte, apparaît pour de nombreux acteurs économiques comme une occasion de réinventer leurs activités et d’acquérir des avantages compétitifs. Le soutien de l’Ademe, tant financier qu’en matière d’expertise, semble crucial pour accompagner les entreprises dans cette transformation inédite. La décarbonation devient ainsi une opportunité pour l’innovation, permettant non seulement de préserver l’environnement mais aussi de bâtir une économie plus résiliente et pérenne.
Avec une planification rigoureuse, des moyens conséquents et des objectifs ambitieux, la France s’engage dans un virage décisif de sa transition énergétique. La réussite de cette entreprise collective dépendra de la capacité de chacun — citoyens, entreprises, institutions — à jouer pleinement son rôle dans cette transformation.