Draghi met en garde l’UE contre la concurrence chinoise dans les technologies vertes : un enjeu stratégique pour l’avenir de l’Europe

L’ancien Premier ministre italien et ancien président de la Banque centrale européenne (BCE), Mario Draghi, a pris la parole devant le Parlement européen à Strasbourg, livrant un message clair sur l’urgence de repenser la compétitivité européenne face à la montée en puissance de la Chine dans les technologies vertes. « Ce qui me préoccupe, ce n’est pas que nous devenions soudainement pauvres et soumis, mais qu’avec le temps, nous risquions de devenir moins prospères, moins égaux, moins sûrs, et donc moins libres de choisir notre destin », a-t-il déclaré, mettant en lumière l’importance d’une stratégie proactive.

La concurrence chinoise : un défi pour l’industrie européenne

Draghi a souligné que l’Europe fait face à un dilemme majeur dans le secteur des technologies vertes. La transition énergétique est indispensable, mais elle est également vulnérable à la concurrence chinoise, particulièrement soutenue par l’État. L’ancien Premier ministre a pointé du doigt la puissance de cette compétition, alimentée par une combinaison d’innovations, de subventions massives et d’une échelle de production impressionnante. Selon lui, l’Europe ne pourra pas rivaliser avec des solutions simples. Certaines technologies, comme les panneaux solaires, sont dominées par des producteurs étrangers. Draghi a averti que tenter de rapatrier leur production en Europe serait non seulement difficile, mais risquerait de ralentir la décarbonation du continent.

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Un soutien différencié selon les secteurs

Draghi propose une approche nuancée et sectorielle. Dans certaines industries où l’Europe est déjà fortement dépendante des technologies étrangères, telles que les panneaux solaires, il recommande d’accepter cette réalité et de laisser ces producteurs étrangers financer les installations d’énergie propre les plus abordables. Toutefois, il prône une vigilance stratégique dans des secteurs comme les batteries, où une dépendance excessive pourrait menacer l’autonomie de l’UE. Il estime que l’Europe doit préserver ses savoir-faire dans des secteurs clés, essentiels pour la compétitivité à long terme.

Les industries naissantes européennes, où l’innovation est en plein essor, bénéficieraient quant à elles d’un soutien renforcé. Draghi plaide pour un modèle d’accompagnement des entreprises jusqu’à ce qu’elles soient prêtes à affronter la concurrence internationale, tout en veillant à ne pas sombrer dans le protectionnisme. La priorité, selon lui, est de garantir le respect des règles de l’OMC, tout en protégeant l’Europe des pratiques déloyales.

Un investissement colossal pour relancer la productivité

L’un des points saillants du discours de Draghi a été l’importance cruciale des investissements pour maintenir la compétitivité européenne. Il a estimé que l’UE devra investir annuellement entre 750 et 800 milliards d’euros pour réussir la transition vers une économie verte et accroître sa productivité. Pour ce faire, Draghi préconise l’achèvement de l’Union des marchés de capitaux afin de canaliser l’épargne privée vers des investissements stratégiques. Il a précisé que, historiquement, les investissements européens ont été financés à 80 % par des fonds privés et 20 % par des fonds publics, une répartition qu’il souhaite préserver.

Cependant, pour atteindre de tels montants, le secteur public devra également intervenir. Draghi a insisté sur l’importance de financer certains projets communs clés, notamment dans la recherche innovante et la défense, via une dette commune européenne. Il a reconnu que cette proposition pourrait susciter des inquiétudes quant à une hausse de l’endettement, mais il a rappelé que cette dette n’est pas destinée à des subventions publiques, mais à des investissements stratégiques essentiels à l’avenir de l’Europe.

L’Europe face à son destin

Mario Draghi a délivré un message d’espoir tempéré par une prise de conscience de la gravité des enjeux actuels. Il a mis en garde contre l’érosion des valeurs fondamentales de l’Europe si le continent n’arrive plus à garantir la prospérité, la liberté et la sécurité à ses citoyens. La perte de compétitivité ne serait pas qu’une question économique, mais un véritable défi existentiel pour l’Union européenne.

L’ancien président de la BCE appelle à un engagement commun et à une action concertée pour préserver non seulement la compétitivité européenne, mais également la liberté de choix des Européens dans un monde de plus en plus dominé par des puissances étrangères.

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