Un parc conséquent mais des ambitions à la peine
Aujourd’hui, la France dispose d’un parc hydroélectrique important avec 10,3 GW de centrales de lacs, 6,7 GW de centrales au fil de l’eau, 4,1 GW d’éclusées et 4,6 GW de stations de transfert d’énergie par pompage (Step). En fonction des précipitations annuelles, ces installations produisent entre 50 et 68 TWh, ce qui en fait une source d’énergie stable, mais avec une progression limitée.
La Programmation Pluriannuelle de l’Énergie (PPE), qui oriente la stratégie énergétique de la France, vise à porter ce parc à 28,7 GW d’ici 2030, soit une augmentation de 3 GW. Cependant, la réalisation de cet objectif semble difficile. Selon une étude actualisée, seuls 653 MW de nouveaux projets seraient potentiellement réalisables, et en tenant compte des contraintes environnementales, ce chiffre chute à 384 MW. Si l’on ajoute l’équipement de seuils existants, on atteint 368 MW supplémentaires, mais ces projections sont bien en deçà des besoins exprimés dans la PPE.
Des projets freinés par les blocages réglementaires
Outre les difficultés d’implantation de nouveaux projets, les investissements sont également freinés par un blocage réglementaire persistant. Depuis plus de 10 ans, un contentieux oppose la France à la Commission européenne concernant le renouvellement des concessions hydroélectriques. Bruxelles exige l’ouverture de ces concessions à la concurrence, tandis que la France souhaite maintenir les exploitants actuels, principalement EDF, la Société Hydroélectrique du Midi (SHEM) et la CNR. Ce bras de fer empêche d’importants investissements nécessaires à la modernisation des centrales existantes, ce qui ralentit l’augmentation de la puissance du parc.
Pour pallier cette stagnation, l’accent pourrait être mis sur l’optimisation des centrales existantes. Le potentiel est estimé à 510 MW pour l’optimisation des centrales et à 3 MW pour le turbinage du débit réservé, soit un total de 513 MW. Un autre gisement pourrait venir de l’équipement des moulins à eau, avec un potentiel évalué entre 300 et 800 MW. Toutefois, ces solutions ne suffiront pas à elles seules pour atteindre les objectifs fixés pour 2030.
Vers un modèle d’optimisation plutôt que d’expansion
Face à ces contraintes, la filière hydroélectrique en France devra probablement se concentrer davantage sur l’optimisation des sites existants plutôt que sur la construction de nouveaux ouvrages. La modernisation des infrastructures et l’intégration de technologies plus performantes semblent être la voie la plus pragmatique pour accroître la production d’énergie hydroélectrique tout en limitant l’impact environnemental.
En parallèle, les projets de stations de transfert d’énergie par pompage (Step), qui permettent de stocker l’énergie et de la redistribuer en fonction des besoins, offrent un potentiel de croissance important. EDF prévoit d’ajouter 2 GW de Step d’ici 2035, ce qui pourrait grandement contribuer à atteindre les 3 GW supplémentaires escomptés dans la PPE.
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