Une consommation modérée et des exportations record
L’autre pilier de ce retour à l’abondance est la maîtrise de la consommation. Les crises successives, sanitaire puis énergétique, ont poussé à une réduction structurelle de la demande, notamment dans les secteurs résidentiels et industriels. Bien que la consommation ait enregistré une légère hausse (+0,4 %) au premier semestre 2024, elle reste toujours inférieure aux niveaux observés avant 2020. Cette modération permet à la France de bénéficier pleinement de sa production excédentaire.
En conséquence, la France a retrouvé son rôle de leader européen en matière d’exportation d’électricité. Avec 43 TWh exportés durant les six premiers mois de 2024, le pays signe un record historique, témoignant de la solidité retrouvée de son réseau. Cette performance est d’autant plus marquante qu’elle intervient après une période où la France était contrainte d’importer massivement pour compenser la chute de sa production.
Une baisse des prix qui profite principalement aux marchés de gros
Le retour à l’abondance a eu un impact direct sur les prix de l’électricité sur les marchés de gros. En 2022, le mégawattheure (MWh) se négociait à des sommets, atteignant 276 €. Mais au premier semestre 2024, ce prix est redescendu à une moyenne de 45 €, une baisse spectaculaire qui reflète non seulement la hausse de la production mais aussi la diminution des coûts du gaz.
Si cette chute des prix est une aubaine pour les entreprises et les acteurs souscrivant des contrats à prix de marché, les consommateurs bénéficiant du Tarif réglementé de vente (TRV) devront patienter encore un peu avant de voir leur facture diminuer. Une baisse de 10 à 15 % est prévue pour 2025, mais elle sera limitée par la fin progressive des mesures de protection tarifaire mises en place par le gouvernement.
Une réflexion nécessaire sur les défis à venir
Malgré ces signaux positifs, la France doit faire face à de nouveaux défis. La multiplication des heures à prix négatifs, induite par une faible demande combinée à une production excédentaire, met en lumière la nécessité de développer des solutions de stockage et de flexibilité. L’adaptation des infrastructures, le développement des capacités de stockage d’énergie, et la gestion intelligente des usages (notamment pour les véhicules électriques) seront des leviers essentiels pour maintenir l’équilibre entre offre et demande dans les années à venir.
Avec une production en hausse, des prix qui se stabilisent et un rôle renforcé sur la scène européenne, la France semble être sur la voie d’une transition énergétique réussie. Toutefois, l’avenir nécessitera des investissements stratégiques pour pérenniser cette dynamique et anticiper les fluctuations du marché.
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