La transition énergétique en France : 421 000 emplois et des défis croissants

La transition énergétique continue de s’imposer comme un moteur de l’économie française. Selon le dernier rapport publié par l’Agence de la transition écologique (Ademe), ce secteur clé générait en 2022 plus de 421 000 emplois directs, une croissance de 24 % par rapport à 2020. Malgré ces chiffres encourageants, des défis importants persistent, notamment une balance commerciale de plus en plus déficitaire et un besoin accru en compétences.

Une dynamique économique robuste

Le rapport de l’Ademe analyse près de 40 filières liées à la transition énergétique, regroupées en trois secteurs majeurs : les transports terrestres sobres en énergie, les bâtiments résidentiels, et les énergies renouvelables et de récupération (EnR&R). Ensemble, ces secteurs ont généré un chiffre d’affaires impressionnant de 113 milliards d’euros en 2022, soit une hausse de 41 % en seulement deux ans et une multiplication par 3,6 depuis 2006.

Cette croissance économique se reflète également sur le plan de l’emploi. Avec plus de 421 300 postes en équivalent temps plein (ETP), ces secteurs ont doublé le nombre d’emplois depuis 2006. Cette progression témoigne de l’importance croissante des métiers liés à la transition énergétique dans le paysage économique français.

Les transports terrestres sobres : un secteur en pleine expansion

Parmi les trois secteurs analysés, celui des transports terrestres sobres en énergie se distingue par sa forte dynamique. Avec un chiffre d’affaires atteignant 50,3 milliards d’euros en 2022, ce secteur a enregistré une croissance impressionnante de 49 % par rapport à 2020. Il regroupe des véhicules hybrides, électriques, et à pédales, ainsi que les infrastructures de transports collectifs, de recharge pour véhicules électriques et de stations de vélos.

Les emplois associés au secteur des transports terrestres sobres sont les plus nombreux, avec 137 170 emplois recensés en 2022. Toutefois, des interrogations émergent quant à la pérennité de cette croissance après l’achèvement des grands chantiers d’infrastructure, tels que le Grand Paris, prévu pour 2025-2026.

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Energies renouvelables : croissance rapide, mais insuffisante

Le secteur des énergies renouvelables et de récupération, qui inclut des filières comme le solaire, l’éolien, l’hydroélectricité et les biocarburants, a lui aussi connu une forte expansion. En 2022, il a généré 34,2 milliards d’euros de chiffre d’affaires, une augmentation de 39 % par rapport à 2020, et employait 91 190 personnes.

Malgré ces progrès, la France accuse un retard significatif dans le développement des énergies renouvelables. En 2022, seulement 19,1 % de la consommation finale brute d’énergie provenait de sources renouvelables, loin des 23 % exigés par une directive européenne. Ce retard s’explique notamment par des lacunes dans certaines filières, comme le photovoltaïque et la rénovation thermique.

Le bâtiment résidentiel : un gisement d’emplois sous tension

Le secteur du bâtiment résidentiel, principalement axé sur la rénovation énergétique, a généré 16,7 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2022, en hausse de 15 % par rapport à 2020. Il employait 177 670 personnes. La demande en équipements écologiques, tels que les chauffe-eaux thermodynamiques, est en forte augmentation, mais les professionnels peinent à suivre le rythme. Selon l’Ademe, 30 000 emplois supplémentaires seraient nécessaires pour répondre aux besoins croissants.

Les énergies renouvelables appliquées à la rénovation de bâtiments, un sous-segment à cheval entre les secteurs du bâtiment et des EnR&R, ont connu une explosion de leur chiffre d’affaires (+70 % en deux ans) et comptent désormais 75 200 emplois.

Une balance commerciale qui se dégrade

Si les chiffres témoignent d’une croissance économique significative, ils masquent également des déséquilibres inquiétants. La balance commerciale des secteurs de la transition énergétique affiche un déficit croissant, passé de 8 milliards d’euros en 2020 à plus de 18 milliards en 2024. Une grande partie de ce déficit est due à l’importation massive de véhicules électriques et de panneaux photovoltaïques.

Cette situation met en lumière un paradoxe : la France évite les importations de véhicules thermiques grâce à l’essor des véhicules électriques, mais reste dépendante des importations pour alimenter sa transition énergétique. Ce défi structurel souligne l’importance de développer une production locale plus compétitive pour réduire la dépendance aux importations.

Des objectifs ambitieux, des retards à combler

Certaines filières de la transition énergétique progressent à un rythme soutenu et dépassent parfois les objectifs fixés par l’État. Toutefois, d’autres, comme la rénovation thermique des bâtiments, peinent à suivre. L’ajout de nouvelles filières, telles que l’éolien en mer, dans les prochaines analyses de l’Ademe pourrait contribuer à rééquilibrer ces dynamiques.

En somme, si les chiffres de la transition énergétique en France sont encourageants, ils révèlent également la nécessité de relever des défis structurels majeurs. La formation, l’innovation locale, et une politique industrielle plus ambitieuse seront cruciales pour que la transition énergétique continue à être une source de création d’emplois tout en réduisant les déséquilibres commerciaux.

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