L’insatiable appétit pour l’électricité
L’un des moteurs de cette croissance est l’augmentation des besoins en électricité dans plusieurs secteurs clés, notamment l’industrie, les transports électriques et l’intelligence artificielle. Les 11.000 centres de données dans le monde et la climatisation, en réponse au réchauffement climatique, contribuent également à cette demande exponentielle. Cependant, malgré cette tendance encourageante vers une production bas carbone, les combustibles fossiles continuent de répondre à une part substantielle de la demande énergétique mondiale, soulignant la lenteur du basculement vers un modèle énergétique totalement décarboné.
Des défis persistants vers la neutralité carbone
Malgré ces avancées, l’AIE alerte sur le fait que le monde reste loin des objectifs de neutralité carbone à l’horizon 2050. La dépendance aux énergies fossiles, qui représentaient encore près de 80% de la consommation mondiale d’énergie en 2023, demeure un obstacle majeur. Si un pic de la demande en énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon) est attendu d’ici la fin de la décennie, cela n’implique pas une baisse immédiate de leur utilisation, comme le souligne Birol.
Les projections de l’AIE indiquent qu’un pic des émissions mondiales de CO2 pourrait être atteint avant 2030. Cependant, sans une baisse rapide des émissions par la suite, le réchauffement climatique atteindra +2,4°C d’ici la fin du siècle, dépassant largement l’objectif de limiter la hausse à +1,5°C fixé par l’Accord de Paris. Cela met en lumière le besoin urgent d’accélérer les efforts pour réduire les émissions.
La transition énergétique face aux enjeux climatiques et géopolitiques
La transition énergétique est également soumise à des pressions géopolitiques. L’augmentation prévue de 50% des capacités d’export de gaz naturel liquéfié (GNL) d’ici 2030, accélérée par la guerre en Ukraine, fait peser des risques de surcapacité sur ce marché. Bien que la demande en GNL soit actuellement en forte croissance, elle pourrait se heurter à des excédents, menaçant la compétitivité et la stabilité de ce secteur à moyen terme.
Une révolution qui nécessite des investissements massifs
Enfin, l’AIE souligne que développer les énergies renouvelables ne suffira pas à transformer radicalement le paysage énergétique mondial. Pour chaque dollar investi dans les énergies vertes, des montants similaires doivent être injectés dans les réseaux électriques et les systèmes de stockage d’ici 2040 pour garantir une transition fluide et résiliente.
Ainsi, si la trajectoire actuelle montre une avancée indéniable vers une production d’électricité plus propre, les défis technologiques, économiques et politiques demeurent considérables. Le monde est à l’aube d’une révolution énergétique, mais le chemin vers la neutralité carbone est encore semé d’embûches. La conférence climatique de la COP29, qui se tiendra à Bakou en novembre 2024, pourrait offrir une nouvelle opportunité de repenser les mécanismes financiers et les politiques nécessaires pour accélérer cette transition indispensable.