Des performances affectées par des conditions climatiques moins favorables
En dépit de la construction de nouveaux parcs, la production d’électricité éolienne a légèrement baissé en 2024 par rapport à l’année précédente. Avec 138 térawattheures (TWh) produits, la filière n’a pas pu compenser l’impact d’une année de vents plus modérés, se traduisant par une diminution de la production par rapport aux 142 TWh de 2023. Ce recul, bien que limité, souligne la dépendance de la production éolienne aux conditions climatiques, et l’importance de diversifier les sources d’énergie renouvelable.
Les raisons d’un développement freinée
Trois facteurs majeurs expliquent le ralentissement de l’éolien en Europe, selon WindEurope. Le premier réside dans l’électrification lente des secteurs clés comme l’industrie et le bâtiment, qui ralentit la demande en énergies renouvelables. Le deuxième facteur est le retard accumulé dans la connexion des nouveaux parcs aux réseaux électriques, tandis que le troisième obstacle majeur est la lente adoption des nouvelles règles européennes visant à faciliter le déploiement des infrastructures éoliennes.
En dépit de la mise en place de régulations favorisant l’éolien, comme le cadre législatif « d’urgence » de 2022 pour accélérer les autorisations, la plupart des États membres peinent à transposer ces mesures. La directive révisée sur les énergies renouvelables, « RED III », adoptée fin 2023, introduit des simplifications administratives pour accélérer les projets d’éolien en mer et sur terre, mais sa mise en œuvre reste encore inégale.
Des tensions politiques et économiques en arrière-plan
Fin 2024, l’éolien a fait face à plusieurs revers notables dans le nord de l’Europe, révélateurs des tensions qui entourent le secteur. En Suède, la suspension de 13 projets de parcs éoliens offshore en mer Baltique a fait grand bruit. La décision a été justifiée par des préoccupations militaires concernant l’impact des éoliennes sur les radars de défense. Cette annulation, sur fond de soutien politique à l’énergie nucléaire, a vivement été critiquée par WindEurope, qui dénonce une opposition injustifiée à l’expansion de l’éolien dans cette zone.
Au Danemark, une autre déconvenue a marqué la fin de l’année 2024. L’Agence danoise de l’énergie n’a reçu aucune offre lors d’un appel d’offres pour des projets offshore en mer du Nord, les acteurs de la filière évoquant une rentabilité insuffisante en raison du manque de soutien public et du système d’enchères défavorable. Un échec qui n’a pas été totalement surprenant pour WindEurope, mais qui témoigne des défis économiques auxquels se heurtent les développeurs.
Vers un avenir incertain mais prometteur
Si les obstacles sont nombreux, les perspectives pour l’éolien en Europe restent positives, à condition de lever les freins réglementaires et économiques. Selon WindEurope, les objectifs ambitieux de l’Union européenne pour 2030 et 2050 en matière d’énergie renouvelable ne seront atteints que si la cadence des installations est intensifiée. L’année 2025 pourrait marquer un tournant décisif si les autorités européennes et nationales parviennent à mettre en place les conditions favorables à un développement accéléré de l’éolien.
L’organisation dévoilera ses prévisions à la fin du mois de février, ce qui permettra de mieux évaluer l’ampleur des progrès à venir dans le secteur éolien. Une chose est certaine : l’Europe doit se préparer à relever le défi d’une transition énergétique qui ne peut se faire sans un éolien puissant et performant.