Le pari sur l’hydrogène vert
L’Espagne voit également dans l’hydrogène « vert » une opportunité de renforcer son rôle de leader en matière de transition énergétique. Le gouvernement espagnol a revu à la hausse ses objectifs de production d’hydrogène vert, qui sera généré à partir d’énergies renouvelables. D’ici 2030, 12 gigawatts d’électrolyseurs devraient être installés, contre les 4 gigawatts initialement prévus.
Ce développement vise à propulser l’Espagne en tant que producteur et exportateur majeur de ce gaz propre, considéré comme une solution clé pour décarboner des secteurs difficiles à électrifier, comme l’industrie lourde et les transports. Le projet de gazoduc H2Med, reliant Barcelone à Marseille, devrait d’ailleurs permettre à l’Espagne d’exporter une partie de cet hydrogène vert vers l’Europe, avec une mise en service prévue pour 2030.
Une mobilité propre encore en retrait
Si l’Espagne brille par ses progrès dans la production d’électricité verte, elle peine encore à rattraper son retard dans le secteur de la mobilité propre. Les ventes de véhicules électriques plafonnent à 10 %, bien en deçà des 25 % initialement visés pour 2023. Les infrastructures de recharge insuffisantes et les incertitudes du marché freinent encore les consommateurs. Cependant, le nouveau plan énergétique maintient l’objectif de 5,5 millions de véhicules électriques d’ici 2030, en légère hausse par rapport aux prévisions précédentes.
Vers la fin du charbon et une sortie progressive du nucléaire
L’autre axe majeur du plan de décarbonation espagnol concerne la disparition complète du charbon, prévue pour 2025, ainsi que la fermeture progressive des centrales nucléaires d’ici à 2035. L’Espagne continue ainsi à privilégier les énergies renouvelables tout en assurant une certaine stabilité énergétique grâce à une part résiduelle de production à partir du gaz et du nucléaire.
Une stratégie européenne
Ce nouveau plan énergétique espagnol s’inscrit dans une dynamique européenne plus large, alors que l’Union européenne s’efforce de se libérer des énergies fossiles et d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Teresa Ribera, qui s’apprête à prendre ses nouvelles fonctions à la Commission européenne, aura l’occasion de porter ces ambitions à l’échelle du continent, tout en représentant un modèle à suivre pour d’autres nations.
En définitive, l’Espagne, forte de ses ressources naturelles et de son engagement politique, semble bien placée pour devenir un acteur clé de la transition énergétique en Europe et au-delà. Son plan, bien qu’ambitieux, illustre la nécessité de combiner investissements, innovation technologique et cadre réglementaire solide pour construire un avenir plus durable.