MaPrimeRénov’ : réformes nécessaires pour relancer la rénovation des passoires thermiques

La réforme de MaPrimeRénov’, entrée en vigueur début 2024, visait à massifier les rénovations énergétiques et à accélérer la transition vers des systèmes de chauffage décarbonés. Pourtant, après des résultats décevants au premier trimestre, il devient évident que le dispositif n’a pas trouvé son public. Entre exigences contraignantes et exclusions mal adaptées, notamment pour les passoires thermiques, un ajustement est indispensable pour relancer efficacement la rénovation énergétique en France.

 

Un départ difficile pour MaPrimeRénov’ 2024

Lancé avec des ambitions fortes au 1er janvier 2024, le nouveau cadre de MaPrimeRénov’ (MPR) a rapidement montré ses limites. Les rénovations énergétiques d’ampleur, supposées booster la performance énergétique des logements français, ont rencontré un franc échec avec seulement 5 584 rénovations engagées au premier trimestre, bien loin de l’objectif de 200 000 pour l’année. À cela s’ajoute l’effondrement de la rénovation monogeste (notamment la modernisation des systèmes de chauffage), qui est passée de 130 063 dossiers en 2023 à 72 459 en 2024.

Ces résultats décevants s’expliquent par plusieurs facteurs externes, mais la réforme en elle-même semble mal calibrée. À travers des exigences contraignantes et des restrictions mal adaptées, elle a freiné des initiatives pourtant cruciales, notamment pour les ménages aux ressources plus limitées et ceux vivant dans des passoires thermiques, ces logements classés F et G.

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Passoires thermiques et inadaptation des dispositifs actuels

Les passoires thermiques, fortement incitées à la rénovation en raison des restrictions croissantes en matière de location et des factures énergétiques élevées, sont les grandes perdantes de la réforme. En effet, elles ont été rendues inéligibles au parcours par geste, une procédure qui permet d’intervenir étape par étape pour améliorer la performance énergétique du logement. L’imposition du parcours accompagné, avec ses exigences multiples (gain minimal de deux classes, réalisation d’au moins deux gestes d’isolation), a dissuadé de nombreux propriétaires, d’autant plus que la mise en place de ces travaux coûte en moyenne 60 000 euros, un budget hors de portée pour beaucoup.

L’un des arguments avancés pour justifier l’inéligibilité des passoires thermiques au parcours par geste repose sur la théorie selon laquelle l’installation d’une pompe à chaleur (PAC) dans ces logements serait contre-productive avant des travaux d’isolation. Pourtant, des retours d’expérience montrent que les PAC s’adaptent parfaitement aux besoins de chauffage même dans des logements peu isolés, permettant de réduire significativement la facture énergétique tout en augmentant le confort thermique.

Le graphique ci-dessus montre une grande disparité dans les performances thermiques des logements classés F et G en fonction de leur système de chauffage. Les logements chauffés à l’électricité (barres bleues) affichent souvent de meilleures performances, avec une valeur Ubat inférieure à la moyenne nationale de 1,1 W/m².K, tandis que ceux chauffés au gaz ou à un autre combustible dépassent souvent le seuil critique de 1,7 W/m².K.

Des exigences excessives et contre-productives

Le décret du 29 mars 2024 introduit des obligations contraignantes dans le cadre du parcours accompagné. Au-delà des deux gestes d’isolation systématiquement imposés, les ménages doivent recourir aux services d’un Accompagnateur Rénov’ (MAR). Bien que le recours à cet expert vise à conseiller les ménages dans leurs choix de travaux, l’accumulation de ces obligations a joué un rôle dissuasif pour beaucoup. De plus, en imposant des travaux d’isolation non prioritaires, particulièrement pour ceux souhaitant moderniser leur système de chauffage, le dispositif aboutit parfois à des situations où les projets ne voient tout simplement pas le jour.

Repenser le parcours par geste pour les passoires thermiques

La rénovation d’ampleur, visant des gains énergétiques immédiats et substantiels, est une solution attractive sur le papier. Cependant, pour les logements les plus énergivores, la flexibilité du parcours par geste reste incontournable. Permettre aux propriétaires de réaliser des travaux progressifs, comme l’installation d’une PAC avant d’entreprendre des travaux d’isolation, pourrait redynamiser les rénovations énergétiques dans les passoires thermiques.

La réforme de MaPrimeRénov’ doit évoluer pour devenir plus inclusive et mieux adaptée aux réalités du parc immobilier français. Le parcours par geste doit redevenir une option, particulièrement pour les passoires thermiques, afin d’éviter que les propriétaires ne se tournent vers des solutions moins écologiques et non subventionnées, comme les chaudières à gaz. L’objectif final reste de massifier les rénovations pour atteindre les objectifs climatiques de la France, mais cela nécessitera des ajustements pragmatiques pour soutenir l’ensemble des ménages, quel que soit leur profil énergétique.

  • Mélanie Lefèvre Cap Soleil Energie

    Je suis Mélanie Lefèvre, journaliste spécialisée dans les actualités sur les énergies renouvelables. 🌿 Titulaire d'un diplôme en journalisme et passionnée par les questions environnementales, j'ai débuté ma carrière en couvrant des sujets variés liés à la transition énergétique. 📄 Depuis plusieurs années, je me concentre sur les énergies renouvelables, offrant une couverture complète et actuelle des évolutions dans ce secteur en plein essor. 🔋 Mon ambition est de rendre ces informations accessibles, claires et engageantes pour sensibiliser le plus grand nombre à l'importance de l'énergie propre. 🌍

    Journaliste sur l'actualité des énergies renouvelables