Les nouveautés par rapport à la RT2012
Par rapport à la RT2012, la RE2020 représente un saut qualitatif en matière de durabilité :
- Evaluation élargie des consommations : la RE2020 intègre des usages supplémentaires, comme les ascenseurs, les parkings, et la circulation dans les immeubles collectifs, afin d’obtenir une vision plus complète des consommations énergétiques.
- Indicateurs plus stricts : l’introduction d’un nouvel indicateur (Cep,nr) qui mesure spécifiquement la consommation d’énergie primaire non renouvelable vise à encourager le recours aux énergies renouvelables. Par ailleurs, l’indicateur de confort estival a été repensé pour mieux représenter l’inconfort ressenti lors de vagues de chaleur, avec une mesure en « degré-heure d’inconfort » (DH).
- Scénarios plus réalistes : la RE2020 met à jour les scénarios météorologiques utilisés dans les calculs de performance. Cette adaptation reflète des données climatiques récentes (2000-2018), permettant aux bâtiments de mieux faire face aux étés de plus en plus chauds.
Une décarbonation en marche
La RE2020 est particulièrement exigeante sur la réduction de l’empreinte carbone des bâtiments neufs. À travers une analyse approfondie du cycle de vie des matériaux de construction, elle favorise les solutions à faible impact environnemental. Cela se traduit notamment par une mise en avant des énergies renouvelables (bois, énergie solaire captée sur place) et une moindre pénalisation de l’électricité, dont le coefficient de conversion en énergie primaire a été réduit de 2,58 à 2,3. Ainsi, le chauffage électrique, autrefois critiqué pour son inefficacité, est aujourd’hui mieux considéré.
Vers la fin des chaudières à gaz et des coûts accrus
L’impact économique de la RE2020 n’est pas négligeable. Le Sénat a évalué une hausse des coûts de construction de 5 à 8 % d’ici 2030, en raison des exigences accrues en matière de performance énergétique et de choix de matériaux. De plus, la réglementation devrait mener à la disparition progressive des chaudières à gaz, remplacées par des alternatives telles que les pompes à chaleur.
Ce tournant vers des bâtiments plus verts se reflète également dans les prévisions de consommation : une baisse significative du gaz (7,4 TWh d’ici 2030) et une hausse de la consommation électrique (1,5 TWh), contribuant à réduire les émissions de gaz à effet de serre de 1,6 million de tonnes de CO2 chaque année.
Un premier pas, mais pas suffisant pour le parc immobilier existant
Malgré ces avancées prometteuses, il est important de rappeler que la RE2020 ne s’applique qu’aux bâtiments neufs, qui représentent environ 1 % du parc immobilier français. Pour avoir un réel impact sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre, des mesures fortes en faveur de la rénovation du parc existant sont indispensables, notamment pour les 37 millions de logements déjà construits. C’est ici que se joueront les véritables enjeux de la transition écologique du secteur immobilier.
Des attestations de conformité plus strictes
Afin de garantir que les constructions respectent bien les normes de la RE2020, le processus de certification a été renforcé. Deux attestations sont nécessaires : une lors de la demande de permis de construire, qui comprend une étude de faisabilité énergétique et une analyse du cycle de vie du bâtiment, et une autre à la fin des travaux, rédigée par un professionnel habilité. Ces documents témoignent du respect des nouvelles exigences, et un outil informatique spécifique mis à disposition par le ministère simplifie cette procédure.
Une révolution pour le secteur de la construction
La RE2020 marque une avancée significative vers une construction plus durable, prenant en compte non seulement la consommation d’énergie en usage, mais aussi l’impact carbone global des bâtiments. Elle fixe un cadre ambitieux pour les constructions neuves en France, contribuant à la lutte contre le changement climatique et à la réduction de notre dépendance aux énergies fossiles.
Si la RE2020 est un pas en avant, il reste beaucoup à faire pour transformer l’ensemble du secteur du bâtiment, notamment en matière de rénovation énergétique. L’avenir de la performance environnementale se joue aussi et surtout dans la transformation de l’immobilier existant. Il ne s’agit donc pas seulement de mieux construire, mais de rénover massivement et efficacement.