L’électrification en retard et les défis de l’infrastructure
La transition vers une économie décarbonée nécessite l’électrification rapide des usages, mais l’avancée reste encore lente. Yannick Jacquemart de RTE (Réseau de Transport d’Électricité) explique que les économies réalisées ces dernières années, comme les 12 % de réduction de consommation, libèrent une marge de manœuvre essentielle pour accueillir de nouveaux usages électriques. Pourtant, Olga Givernet déplore le rythme insuffisant de cette électrification, pointant un manque de moyens pour soutenir les efforts des acteurs industriels, notamment ceux du secteur automobile.
L’essor de la sobriété dépend d’investissements importants, en particulier dans les infrastructures pour déployer des solutions d’alimentation à faible émission de carbone. Des choix budgétaires décisifs sont nécessaires pour favoriser des réseaux plus denses et flexibles, tout en évitant que la charge de l’investissement ne repose uniquement sur les ménages et les entreprises.
Vers une sobriété collective : les acteurs privés en première ligne
Plusieurs entreprises ayant déjà intégré la sobriété dans leur stratégie témoignent des avantages que celle-ci a apportés. Bertrand Swiderski, directeur RSE du groupe Carrefour, explique que les actions engagées ont permis de réduire la consommation d’énergie de 18 % en deux ans grâce à des investissements massifs. Cette réussite collective dans le secteur privé démontre la viabilité d’une sobriété énergétique réfléchie, structurée et bénéfique.
Du côté de la Fedene, la fédération des entreprises de services pour l’énergie, on insiste sur la nécessité de passer aux contrats de performance énergétique pour des résultats encore plus durables. Pour les entreprises de l’immobilier, confrontées aux réglementations Bacs et Tertiaire, le dialogue entre propriétaires, gestionnaires et locataires se renforce pour transformer les bâtiments en structures énergétiquement plus responsables.
Transport et législation : la sobriété face aux déplacements
L’un des secteurs restant à conquérir est celui des transports, où la consommation énergétique ne diminue pas encore de façon satisfaisante. La DGEC pointe notamment la nécessité d’accélérer les pratiques comme le covoiturage et la réduction de la vitesse, même si ces initiatives demeurent limitées face aux objectifs de réduction des émissions. En parallèle, l’institut Jacques Delors propose des mesures plus contraignantes et justes socialement pour inciter les gros consommateurs à changer leurs comportements.
Une sobriété partagée et dépolitisée pour demain
L’évolution vers une sobriété énergétique ancrée nécessite de dépasser la simple addition de gestes individuels pour bâtir une conscience collective. Les mentalités évoluent, mais pour que la sobriété devienne une valeur partagée, elle doit être dépouillée de toute dimension partisane. Ce changement pourrait créer une société moins énergivore et plus en phase avec les impératifs climatiques.