Indonésie : l’ambition freiné par des déblocages financiers tardifs
L’Indonésie, le plus grand bénéficiaire du JETP, s’est vu promettre 20 milliards de dollars en 2022 pour financer sa transition énergétique. Le pays vise à réduire ses émissions dans le secteur énergétique connecté au réseau de 300 à 250 millions de tonnes d’ici 2030, tout en augmentant la part des énergies renouvelables à 44 %. Cependant, à mi-2024, seulement 144,6 millions de dollars avaient été débloqués, freinant les ambitions du pays.
Le financement privé, censé jouer un rôle crucial dans ce processus, tarde également à se matérialiser. Bien qu’un projet financé par les États-Unis ait injecté 126 millions de dollars dans la géothermie, l’Indonésie continue de dépendre du charbon pour plus de 60 % de son électricité. Cette situation rend difficile une transition rapide vers un mix énergétique plus propre.
Vietnam : des objectifs ambitieux mais des défis à relever
Le Vietnam, signataire d’un accord JETP en décembre 2022 avec un financement de 15,5 milliards de dollars, adopte une approche proactive. Le pays vise à plafonner ses émissions de CO2 du secteur électrique à 170 millions de tonnes d’ici 2030, un objectif avancé de cinq ans par rapport aux prévisions initiales. De plus, il ambitionne de réduire ces émissions à 101 millions de tonnes d’ici 2050.
Pour atteindre ces objectifs, le Vietnam mise fortement sur les énergies solaire et éolienne, avec plus de 220 projets d’investissement déjà identifiés. Néanmoins, la croissance rapide de son économie pose des défis supplémentaires, nécessitant une mobilisation rapide des fonds et une amélioration des infrastructures.
Sénégal : un petit pas vers une énergie plus verte
Le Sénégal est devenu le quatrième pays à rejoindre le JETP en juin 2023, bénéficiant d’une promesse de financement de 2,5 milliards d’euros. Contrairement aux autres pays, le Sénégal ne se concentre pas encore sur une sortie immédiate du charbon, mais plutôt sur une accélération de l’adoption des énergies renouvelables, en particulier l’énergie solaire. Le pays vise à porter la part des énergies renouvelables à 40 % de son mix énergétique d’ici 2030.
Malgré un développement plus lent, le Sénégal bénéficie d’un secteur énergétique en pleine croissance, avec des perspectives prometteuses pour une transition plus rapide si les fonds sont mobilisés en temps voulu.
Défis structurels et perspectives d’avenir
Le JETP incarne une initiative majeure pour les pays en développement, mais sa mise en œuvre est entravée par plusieurs obstacles. Les retards dans la mobilisation des fonds, comme observés en Indonésie et au Vietnam, ralentissent considérablement les projets d’énergie renouvelable. Par ailleurs, la dépendance historique de ces pays au charbon, ainsi que les infrastructures énergétiques insuffisamment adaptées à l’intermittence des énergies renouvelables, ajoutent des couches de complexité.
Enfin, les pays bénéficiaires doivent s’assurer que leur transition énergétique n’entrave pas leur sécurité énergétique à un moment où la demande en électricité est en forte croissance. Si le soutien des donateurs internationaux est crucial, la mobilisation rapide du financement privé s’avère tout aussi indispensable pour atteindre les objectifs climatiques dans les délais impartis.
Le programme JETP se révèle être un instrument clé pour une transition énergétique durable dans les pays en développement, mais sans une accélération des financements et des réformes structurelles, les promesses risquent de rester en suspens. Les nations concernées doivent naviguer entre crises énergétiques immédiates et engagements environnementaux à long terme pour réussir cette transformation décisive.