Après l’inauguration du parc solaire d’Esquay-sur-Seulles cet été, la commune voisine de Saint-Vigor-le-Grand (Calvados) franchit un cap en déposant, le 15 novembre 2024, un permis de construire pour un vaste projet photovoltaïque. Une étape majeure pour la transition énergétique de la région.
Le futur parc solaire s’étendra sur plus de 15 hectares, avec une surface de panneaux de 91 237 m². Ces installations, prévues sur d’anciennes carrières et décharges, produiront 22 962 MWh d’électricité verte par an. Cette production équivaudra à la consommation énergétique de 16 000 habitants, tout en réduisant de 622 tonnes par an les émissions de CO₂.
Saint-Vigor-le-Grand vient compléter l’initiative démarrée à Esquay-sur-Seulles, où 10 008 panneaux sont déjà en fonctionnement. Ensemble, ces parcs solaires incarneront une réponse concrète aux objectifs climatiques locaux et nationaux, en s’inscrivant dans des cadres stratégiques comme le Plan Climat Air Énergie Territorial (PCAET) et le Schéma Régional d’Aménagement, de Développement Durable et d’Égalité des Territoires (SRADDET).
Le projet résulte d’une collaboration fructueuse entre Total Énergie, des exploitants locaux (dont la société SACAB, spécialisée dans les sablières et carrières) et des élus. En mutualisant leurs compétences, ils transforment des terrains dégradés en espaces d’innovation durable.
Pour Total Énergie, ce projet témoigne de son engagement dans la réduction des gaz à effet de serre. « Ces initiatives sont essentielles face au dérèglement climatique, » souligne l’entreprise, qui mise sur des solutions locales tout en faisant face à des défis globaux.
Si ce parc promet des avancées écologiques et économiques, une polémique persiste : l’origine asiatique des panneaux photovoltaïques. Interrogée à ce sujet, Total Énergie a répondu : « La filière européenne reste fragile et ne peut répondre aux besoins actuels. Les prix compétitifs du marché asiatique, souvent deux fois moins chers, restent pour l’instant incontournables. »
Cette dépendance à l’importation pose néanmoins la question de l’indépendance énergétique européenne, un enjeu que les autorités locales et nationales devront adresser dans les années à venir.
Le maire de Saint-Vigor-le-Grand, Benoît Ferrut, ne cache pas son enthousiasme. « Cette revalorisation des sites impactés par l’extraction de sable et l’entrepôt de gravats va aussi avoir des retombées économiques pour notre territoire, » explique-t-il. En effet, la commune bénéficiera d’une taxe d’aménagement immédiate, suivie d’une rente annuelle significative.
Ces recettes devraient permettre d’alléger la pression fiscale sur les habitants et d’accroître l’autonomie financière du territoire. Toutefois, Benoît Ferrut appelle à une réflexion approfondie sur la répartition des taxes locales entre la commune, l’intercommunalité et le département : « Il faut s’assurer que cette manne financière profite équitablement à notre territoire. »
Malgré ces perspectives positives, le maire reste prudent quant à la complexité des procédures. Les étapes administratives pourraient être ralenties par des avis consultatifs susceptibles de freiner l’instruction du projet.
Avec ce projet, Saint-Vigor-le-Grand montre l’exemple en matière de transition énergétique. En exploitant des terrains non agricoles pour produire une énergie propre et locale, la commune fait un pas de plus vers la neutralité carbone, tout en renforçant son attractivité économique.
Le futur parc solaire, bien que confronté à des défis, s’annonce comme une pierre angulaire de la transition écologique dans le Calvados, répondant aux besoins des habitants tout en respectant l’environnement.
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