Le soutien public au photovoltaïque dans le viseur de Bercy

Alors que le gouvernement s’apprête à arbitrer la prochaine Programmation Pluriannuelle de l’Énergie (PPE), le secteur du photovoltaïque se retrouve sous pression. Bercy envisage des réductions de soutien financier qui pourraient ralentir la croissance de l’énergie solaire, une filière qui, en 2024, a généré 14 milliards d’euros d’investissement, 67 000 emplois et 2 milliards d’euros de retombées fiscales.

L’annonce récente du report de la publication des nouveaux tarifs pour les installations photovoltaïques en métropole continentale, prévue pour le 1er février, accentue cette incertitude. La Commission de régulation de l’énergie (CRE) a décidé de repousser cette échéance au 30 avril 2025.

La quête d’économies : une vision à court terme ?

Le ministre de l’Économie et des Finances, Marc Ferracci, a clairement exprimé sa volonté de « rationaliser le soutien public » en concentrant les aides sur les installations les plus efficaces, notamment celles de grande taille. Plusieurs options sont envisagées, allant de la suppression de la prime à l’autoconsommation à une réduction significative des tarifs de rachat de l’électricité excédentaire.

D’après les calculs de la société Effy, la suppression de la prime à l’autoconsommation pourrait permettre une économie de 214 millions d’euros, mais cela pourrait avoir des conséquences bien plus coûteuses en termes de création de valeur et de retombées fiscales. Selon Laetitia Brottier, vice-présidente d’Enerplan, la réduction des soutiens à l’énergie solaire résidentielle pourrait finalement coûter plus qu’elle ne rapporterait, en raison des contributions fiscales importantes générées par le secteur.

Une filière en pleine expansion

Malgré les incertitudes, la filière solaire continue de croître. En 2024, la puissance installée a doublé par rapport à 2021, et le secteur a contribué à la création de 67 000 emplois, avec plus de 5 000 entreprises certifiées RGE (Reconnu Garant de l’Environnement). En plus des investissements importants, la filière génère des retombées fiscales annuelles de plus de 2 milliards d’euros, dont 85 millions reversés aux collectivités locales.

Les défenseurs du solaire insistent sur l’impact positif du soutien public, soulignant que celui-ci porte des fruits tangibles pour l’économie locale et pour la transition énergétique. Les syndicats Enerplan et SER rappellent que le soutien public a permis une évolution majeure du secteur, et que son retrait prématuré serait une erreur stratégique.

Une réponse face aux critiques

Face aux critiques, notamment de la part des pro-nucléaire, qui appellent à un moratoire sur les énergies renouvelables, les acteurs du solaire plaident pour un modèle plus équilibré et pour le maintien de mesures incitatives. Si le gouvernement persiste à supprimer la prime à l’autoconsommation, la filière propose d’autres alternatives, comme un abaissement de la TVA sur les installations résidentielles équipées de systèmes de stockage ou de pilotage de la consommation.

En somme, le photovoltaïque fait face à une incertitude croissante, mais reste un secteur stratégique pour la transition énergétique. Pour les professionnels, il est crucial de maintenir le soutien public tout en réfléchissant à des modèles économiques plus durables, adaptés aux évolutions du marché et des technologies.