Un chantier complexe aux multiples enjeux techniques
Transformer une base aérienne en centrale solaire n’a rien d’un chantier classique. L’intervention a dû respecter de nombreuses contraintes liées à l’ancien usage du site. Certaines zones ont nécessité des opérations de dépollution pyrotechnique. D’autres parties, notamment les pistes en béton armé, imposaient des adaptations techniques : pour éviter des travaux trop invasifs, les câbles électriques sont posés hors sol, sans enterrer les réseaux.
L’objectif est aussi de ne pas rendre irréversiblement inutilisables les pistes, même si leur réactivation est hautement improbable. Cette précaution illustre la complexité d’un projet où se croisent logique industrielle, sécurité, histoire militaire et exigences environnementales.
Une ambition énergétique portée par un investissement de 130 millions d’euros
Avec un coût global estimé à 130 millions d’euros, le projet constitue l’un des plus importants investissements de Rubis Photosol. Il s’inscrit dans la stratégie de développement des énergies renouvelables au niveau national. Le chantier mobilise actuellement plus de 200 personnes et une dizaine d’entreprises. À terme, environ 400 emplois auront été créés durant la phase de construction, et 32 seront pérennisés sur les 26 années prévues d’exploitation.
Les collectivités locales y trouvent également leur compte : les retombées fiscales sont estimées à 600 000 euros par an, un revenu non négligeable pour le territoire.
Une démarche écologique encadrée et concertée
L’ambition environnementale ne se limite pas à la production d’énergie verte. Une étude d’impact approfondie a été menée en amont du chantier afin d’évaluer les risques pour la biodiversité locale. Des mesures de protection ont été mises en œuvre, incluant l’arrêt temporaire de certains travaux pour permettre aux espèces de se maintenir ou de se réinstaller.
La concertation avec les acteurs locaux et les experts naturalistes a permis d’adapter le projet aux enjeux écologiques spécifiques du site. Éviter, réduire, compenser : la méthode suivie s’inscrit dans les standards les plus exigeants en matière d’aménagement durable.
Une reconversion à forte valeur symbolique
Ce projet dépasse la seule logique énergétique. Il cristallise un changement d’époque : celui d’un pays qui transforme ses anciens bastions militaires en pôles de production durable. Les bunkers qui abritaient autrefois des munitions destinées aux avions de chasse sont désormais vides, devenus les témoins silencieux d’une mutation profonde du territoire.
Cette reconversion n’a pas été exempte de tensions. Le projet a suscité des crispations politiques locales. L’ancien maire de Creil, aujourd’hui président de l’agglomération, n’a pas hésité à qualifier publiquement les exploitants de « gredins ». Pourtant, malgré les frictions, le chantier avance, porté par une dynamique de fond : celle d’un monde qui cherche à produire autrement.