Banque de France et ADEME renforcent leur partenariat pour la transition climatique des entreprises

Face aux exigences de la nouvelle directive européenne CSRD, la Banque de France et l’ADEME redoublent d’efforts pour soutenir les entreprises dans leur transition écologique.

La Banque de France et l’Agence de la Transition Écologique (ADEME) ont récemment annoncé un renforcement significatif de leur coopération dans le cadre de la transition climatique des entreprises. Le 1er octobre 2024, François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, et Sylvain Waserman, président directeur général de l’ADEME, ont signé un nouveau partenariat destiné à développer des outils d’analyse permettant une évaluation précise des trajectoires climatiques des entreprises.

Ce partenariat intervient à un moment crucial, alors que la réglementation européenne sur le reporting de durabilité des entreprises (CSRD) entrera en vigueur dès le premier trimestre 2025. Cette directive imposera aux grandes entreprises de publier des plans de transition climatique détaillés. Pour répondre à cette exigence, il devient essentiel de disposer de méthodologies robustes qui permettent de mesurer l’efficacité et la cohérence de ces plans, avec l’objectif ambitieux de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 55 % d’ici 2030.

Une alliance stratégique autour de la méthode ACT

La méthode ACT (Assessing Low Carbon Transition), lancée en 2015 après la COP21 par l’ADEME, avec le soutien d’organisations telles que le CDP (Carbon Disclosure Project) et la World Benchmarking Alliance (WBA), est au cœur de cette collaboration. Elle fournit un cadre d’évaluation complet pour mesurer la performance climatique de différents secteurs d’activité. Depuis 2022, la Banque de France s’appuie sur la méthode ACT pour élaborer son propre « indicateur climat », un outil qui aide les entreprises à se positionner par rapport aux trajectoires sectorielles de décarbonation.

L’approfondissement de ce partenariat vise à créer des synergies pour offrir aux entreprises des outils d’analyse climatiques robustes et cohérents. Trois axes principaux sont développés pour garantir la cohérence entre la méthode ACT et l’indicateur climat :

• Gouvernance croisée : les deux institutions participeront conjointement à la gouvernance des méthodologies, garantissant une convergence des approches.
• Analyse et contrôle des résultats : un suivi rigoureux des résultats obtenus sera mis en place afin d’assurer la pertinence des évaluations.
• Ateliers trimestriels : ces rencontres permettront d’adapter et d’améliorer en continu les méthodologies en fonction des retours du terrain et des évolutions sectorielles.

Des outils concrets pour répondre aux enjeux climatiques des entreprises

Le partenariat entre la Banque de France et l’ADEME se traduit par une série d’initiatives concrètes pour soutenir les entreprises dans leur transition vers un modèle bas-carbone. Trois dispositifs principaux se détachent :

1. ACT pas-à-pas : ce programme accompagne les entreprises dans la construction de leur plan de transition climatique. Depuis 2020, plus de 500 entreprises ont déjà bénéficié de cet accompagnement, une preuve de l’engagement croissant du secteur privé.
2. ACT évaluation : cet outil propose d’évaluer publiquement les efforts des grands groupes qui s’engagent volontairement sur la question climatique. Une attention particulière est accordée aux 430 plus grandes entreprises des secteurs les plus émetteurs (énergie, transport, industrie, construction), offrant ainsi une transparence accrue et un benchmark précis.
3. Indicateur climat : ce projet a pour ambition de massifier l’évaluation des entreprises en matière de transition écologique. D’ici 2027, près de 20 000 entreprises seront contactées pour une évaluation approfondie de leur position dans la transition vers une économie bas-carbone. Cette démarche cible une dizaine de secteurs parmi les plus polluants en France.

Un signal fort pour l’économie française

Lors de la signature de cette convention, François Villeroy de Galhau a souligné : « Nous nous félicitons de l’approfondissement de notre coopération avec l’ADEME sur l’évaluation climatique des entreprises. L’indicateur climat, qui s’appuie sur la méthodologie ACT de l’ADEME, est un projet clé pour l’accompagnement de l’économie française et des entreprises volontaires dans la transition. » Cette déclaration réaffirme le rôle essentiel de la Banque de France dans le soutien aux entreprises, non seulement sur le plan financier, mais aussi en termes de durabilité.

Sylvain Waserman, de son côté, a salué ce nouveau partenariat, le qualifiant de « magnifique reconnaissance » pour le travail de l’ADEME sur la méthodologie ACT. Selon lui, cette collaboration permettra aux entreprises de se différencier grâce à une transition solide et efficace, transformant ainsi la décarbonation en avantage concurrentiel. « ACT va ainsi passer à la vitesse supérieure et permettre aux entreprises qui se décarbonent efficacement et solidement de se différencier des autres, et d’en faire un véritable avantage concurrentiel, dans leur recherche de marchés nouveaux ou de financements », a-t-il ajouté.

Une vision d’avenir pour la transition écologique

Ce renforcement du partenariat entre la Banque de France et l’ADEME marque une étape importante pour l’accélération de la transition écologique en France. Face aux défis imposés par le changement climatique et aux nouvelles régulations européennes, les entreprises se trouvent à un tournant décisif. Grâce à des outils tels que l’indicateur climat et la méthode ACT, elles bénéficient désormais d’une feuille de route claire pour évoluer vers un modèle plus durable.

Les entreprises françaises qui saisiront cette opportunité ne se contenteront pas de répondre aux nouvelles obligations réglementaires ; elles deviendront des leaders de la transition écologique, renforçant ainsi leur compétitivité sur le marché global. Ce partenariat est bien plus qu’un simple accord institutionnel : il s’agit d’un véritable levier pour le changement, visant à encourager et accompagner les acteurs économiques vers un futur plus résilient et respectueux de l’environnement.