Des garde-fous ignorés et des compensations insuffisantes
L’une des critiques majeures formulées par le CNPN porte sur le contournement des dispositifs légaux censés protéger la biodiversité. Les études d’impact, lorsqu’elles existent, sont jugées inégales, et les mesures compensatoires proposées par les porteurs de projets sont jugées trop faibles et sous-dimensionnées. En 2022 et 2023, seulement 11 % des projets de centrales au sol soumis à une évaluation environnementale ont fait l’objet de dérogations pour les espèces protégées, une preuve, selon le CNPN, de la légèreté des évaluations réalisées.
L’instance pointe également la faible ambition des mesures de compensation, notamment en matière de prévention des risques incendies. Ces obligations de débroussaillement, sur de vastes zones autour des installations, entraînent une dégradation supplémentaire des écosystèmes, souvent sous-estimée.
Recommandations pour un déploiement responsable
Face à ces constats alarmants, le CNPN propose plusieurs recommandations pour concilier développement des énergies renouvelables et protection de la biodiversité. La principale préconisation est de réserver les installations photovoltaïques aux zones déjà artificialisées, telles que les parkings et les toitures. Bien que cette solution soit plus coûteuse et complexe à mettre en œuvre, elle est, selon le CNPN, la seule voie respectueuse des écosystèmes.
Par ailleurs, l’instance demande l’interdiction stricte des centrales solaires dans les zones à haute valeur écologique, notamment les aires protégées, les zones humides, et les forêts. Le CNPN insiste également sur la nécessité de mieux encadrer les appels d’offres pour ces projets, afin d’éviter que des écosystèmes fragiles ne soient sacrifiés sur l’autel de la transition énergétique.
Le CNPN recommande enfin de soumettre les centrales photovoltaïques de plus de 1 MW à la réglementation des installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE). Cette mesure permettrait d’exercer un contrôle plus strict sur les impacts environnementaux de ces projets.
Un défi à relever : concilier transition énergétique et préservation de la biodiversité
La question du développement des énergies renouvelables pose un véritable dilemme : comment répondre aux impératifs de la transition énergétique sans compromettre la biodiversité ? Le CNPN appelle à une action concertée et cohérente, qui prenne en compte non seulement les enjeux climatiques, mais aussi ceux liés à la protection des écosystèmes.
Alors que la pression pour développer rapidement les énergies vertes ne cesse de croître, il est crucial que les décisions soient prises avec précaution, en privilégiant des solutions qui limitent l’impact sur la nature. Une approche précipitée pourrait entraîner des dommages irréversibles pour la biodiversité, fragilisant davantage notre environnement, déjà mis à mal par le changement climatique.