L’année 2023 marque un tournant historique pour la transition énergétique mondiale. Pour la première fois, les énergies solaire et éolienne combinées ont surpassé le pétrole en termes de nouvelles capacités de production d’énergie, selon une analyse récente du site spécialisé Carbon Brief. Ce changement significatif souligne la montée en puissance des énergies renouvelables dans la lutte contre le changement climatique.

Une transition énergétique accélérée

L’étude, basée sur les données du Statistical Review of World Energy de l’Energy Institute, révèle que sur l’augmentation totale de 2% de la production mondiale d’énergie entre 2022 et 2023, 40% proviennent du solaire et de l’éolien cumulés. Ce chiffre dépasse les 39% apportés par le pétrole, un fait inédit dans l’histoire énergétique mondiale. Le charbon reste également un acteur clé, représentant 20% de cette nouvelle production d’énergie, tandis que le nucléaire et les autres énergies renouvelables, hors hydroélectricité, apportent chacun 4%.

Malgré ces progrès, la dépendance mondiale aux énergies fossiles reste forte. Celles-ci continuent de dominer le mix énergétique global, avec une part écrasante de 80%, répartie entre le pétrole (31%), le charbon (26%) et le gaz (23%). En revanche, les énergies renouvelables ne représentent encore que 8% de ce mix, un chiffre bien en deçà des objectifs fixés par l’Accord de Paris.

Le solaire en tête de file, porté par la Chine

L’essor des énergies renouvelables, bien que global, est principalement attribué à l’expansion rapide de l’énergie solaire, en particulier en Chine. Nicolas Goldberg, expert en énergie chez Colombus Consulting, souligne que les prévisions ont souvent sous-estimé la croissance du solaire, qui se révèle aujourd’hui être un moteur essentiel de la transition énergétique. Selon lui, cette dynamique encourageante pourrait se poursuivre dans les années à venir.

Cependant, Goldberg met en garde contre un enthousiasme prématuré. « Le véritable tournant surviendra lorsque les investissements dans les énergies fossiles cesseront », explique-t-il. En effet, malgré l’essor des énergies vertes, les investissements massifs dans les énergies fossiles se poursuivent, alimentés par des préoccupations liées à la sécurité des approvisionnements et à la stabilisation des prix pour les consommateurs.

Un avenir incertain pour les objectifs climatiques

Cette avancée des énergies renouvelables est cruciale, mais elle ne suffit pas à elle seule à garantir la réussite des objectifs climatiques fixés par l’Accord de Paris. Adopté en 2015, cet accord vise à limiter la hausse des températures mondiales « bien en dessous de 2°C » par rapport aux niveaux préindustriels, avec un effort pour atteindre l’objectif ambitieux de 1,5°C.

Or, certains experts considèrent déjà l’objectif de 1,5°C comme irréalisable, et même celui de 2°C pourrait être menacé si les investissements dans les énergies fossiles continuent. Nicolas Goldberg rappelle que pour espérer atteindre ces cibles, un véritable changement de cap est nécessaire, incluant une redirection des investissements vers des solutions durables.

Un point de bascule en vue ?

L’année 2023 marque indéniablement une étape importante dans la transition énergétique, avec une avancée significative des énergies renouvelables sur la scène mondiale. Cependant, le chemin à parcourir reste long, et l’abandon des énergies fossiles est plus que jamais crucial pour espérer maintenir la trajectoire climatique compatible avec les objectifs de l’Accord de Paris.

Si les tendances actuelles se maintiennent, cette percée pourrait marquer le début d’une véritable transformation du paysage énergétique mondial. Mais pour cela, des actions décisives devront être prises rapidement, notamment en matière d’investissement dans les infrastructures durables et de réduction de la dépendance aux combustibles fossiles.