Un bilan global proche
En cumulant les émissions directes et celles liées à l’énergie consommée, les deux pays présentent un bilan environnemental similaire. L’intensité carbone de l’industrie française atteint 371 grammes de CO2 par euro de valeur ajoutée, contre 359 grammes pour l’Allemagne, un écart relativement faible.
L’Allemagne prend toutefois l’avantage dans d’autres domaines, notamment l’utilisation de combustibles alternatifs et l’économie circulaire, des pistes que la France devra renforcer pour espérer réduire davantage son empreinte carbone.
Les obstacles à la décarbonation industrielle
Les experts s’accordent sur un point : pour atteindre leurs objectifs de décarbonation, la France et l’Allemagne devront intensifier leurs investissements dans des infrastructures communes. Des projets comme l’«autoroute de la chaleur» près de Lille ou l’initiative «D’artagnan» à Dunkerque, visant à capturer et stocker le CO2 industriel, illustrent l’importance de cette coopération.
Cependant, des défis de taille demeurent. Le coût élevé de l’électricité en France est un frein majeur à l’électrification massive de l’industrie. Le prix proposé par EDF, à hauteur de 70 euros le mégawattheure, est jugé trop élevé pour inciter les industriels à abandonner des sources d’énergie fossiles moins coûteuses, comme le gaz. « Tant que le mégawatt issu du gaz restera moins cher, les industriels ne s’électrifieront pas massivement », avertit Matthieu Dussud, directeur associé chez McKinsey.
Une industrie en manque de talents
Outre les questions financières, la France fait face à une pénurie de main-d’œuvre qualifiée. Le manque d’ingénieurs freine les efforts de modernisation industrielle, ce qui complique la transition vers des procédés plus durables. Pour y remédier, les experts appellent à une mobilisation accrue de l’État dans la formation de ces talents essentiels.
L’étude souligne une réalité complexe : malgré des avancées notables, la décarbonation de l’industrie française et allemande reste semée d’embûches. Entre la nécessité d’électrifier davantage, de former des ingénieurs et de surmonter les obstacles financiers, la route vers une industrie véritablement verte est encore longue. Cependant, la coopération entre ces deux grandes puissances industrielles et des investissements ciblés pourraient accélérer cette transition essentielle pour l’avenir de l’Europe.
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