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CCUS : l’Europe se prépare à un cadre législatif ambitieux pour le captage et stockage du carbone
L’Union européenne semble prête à franchir un nouveau cap dans sa lutte contre les émissions de gaz à effet de serre (GES) en se tournant de manière plus affirmée vers le CCUS (Carbon Capture, Utilisation, and Storage), une technologie encore sous-exploitée, mais pleine de promesses. Dans sa dernière communication sur le climat, la Commission européenne a fixé des objectifs ambitieux pour 2040, affirmant que 2 % des réductions d’émissions nécessaires pour atteindre un objectif de -90 % d’ici cette échéance pourraient être obtenus grâce à ces technologies de captage et stockage du CO2.
Qu’est-ce que le CCUS ?
Le CCUS désigne un ensemble de technologies permettant de capturer le dioxyde de carbone (CO2) émis par les activités industrielles, puis de le stocker de façon permanente ou de le réutiliser pour la production de biens comme des carburants synthétiques, des plastiques ou encore du béton. Ce procédé se divise en trois grandes étapes : le captage, le transport, puis le stockage ou la valorisation du CO2 capturé. Des infrastructures spécialisées sont nécessaires pour transporter le CO2 vers des sites adaptés, tels que des formations géologiques souterraines, ou pour l’injecter dans des produits industriels.
L’Union européenne reconnaît désormais que le CCUS pourrait jouer un rôle central dans la décarbonation des industries à forte intensité énergétique, comme le ciment ou la sidérurgie, où les émissions résiduelles sont difficiles à éliminer. L’idée est d’utiliser ces technologies pour gérer le « carbone inévitable », là où les processus de décarbonation classiques atteignent leurs limites.
Une stratégie en plein essor
Si, durant des années, le CCUS était considéré comme une technologie marginale dans la stratégie européenne, les récents développements montrent un changement de perspective. En 2021, l’UE a instauré un Forum sur la gestion industrielle du carbone, suivi en 2023 par la création d’un groupe d’experts sur le stockage géologique du CO2. Puis, en février 2024, l’Union a publié une stratégie globale de gestion du carbone, avec des objectifs précis : capter 280 millions de tonnes de CO2 d’ici 2040 et jusqu’à 450 millions de tonnes d’ici 2050. Ces chiffres illustrent l’ampleur des ambitions européennes pour cette filière.
Un cadre législatif à perfectionner
La directive 2009/31/CE, qui encadre le stockage géologique du CO2, reste l’un des premiers jalons législatifs en matière de CCUS en Europe. Toutefois, il est de plus en plus évident que ce cadre doit être renforcé et complété. En 2024, l’Union a introduit un règlement instaurant un cadre de certification des absorptions de carbone, une démarche cruciale pour garantir la transparence et l’efficacité des projets de stockage du CO2.
Parallèlement, d’autres initiatives soutiennent le développement du CCUS, notamment la réforme du Système d’échange des quotas d’émission (ETS) et le règlement NZIA (Net-Zero Industry Act) adopté en mai 2024. Ces mesures visent à encourager les industries à investir dans des technologies de décarbonation, y compris le captage du CO2. Toutefois, le prix actuel des quotas carbone (environ 63 euros par tonne de CO2) demeure trop bas pour inciter massivement les entreprises à adopter des solutions CCUS, en particulier dans des secteurs comme l’aviation ou les industries lourdes.
Quels défis pour l’avenir du CCUS ?
Malgré le potentiel prometteur du CCUS, plusieurs obstacles freinent encore son développement à grande échelle. Les coûts d’infrastructure, notamment pour le transport et le stockage du CO2, sont élevés, et il manque un cadre clair pour les investissements privés. De plus, des défis industriels demeurent, notamment en ce qui concerne l’optimisation des technologies de captage du CO2, encore inégales en termes de maturité.
Pour pallier ces obstacles, la Commission européenne a annoncé qu’elle travaillera dans les prochaines années à améliorer les différents maillons de la chaîne de valeur du CO2. Elle prévoit de renforcer les infrastructures de transport du CO2, de soutenir financièrement les industries qui s’engagent dans des projets CCUS, et de favoriser l’innovation technologique pour réduire les coûts.
Le CCUS, une clé pour la neutralité carbone en 2050
Alors que l’Union européenne s’approche de ses objectifs de neutralité carbone pour 2050, le CCUS pourrait devenir une technologie incontournable pour la gestion des émissions résiduelles. Les discussions au Parlement européen et au Conseil sur les mesures à adopter seront cruciales pour définir la place que ces technologies occuperont dans la stratégie climatique européenne. Si un cadre législatif robuste et des incitations financières adéquates sont mis en place, le CCUS pourrait devenir un pilier de la transition énergétique européenne.
L’UE semble déterminée à renforcer son arsenal législatif et financier pour soutenir le CCUS. Cependant, la réussite de cette stratégie dépendra de la capacité des États membres et des industries à collaborer et à innover dans ce domaine complexe mais prometteur.
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