Alors que le projet de loi de finances pour 2025 est en pleine discussion au Parlement, la ministre de la Transition écologique et de l’Énergie, Agnès Pannier-Runacher, s’est réjouie des avancées budgétaires obtenues pour soutenir la Transition énergétique en France....
Au-delà des écogestes : vers une sobriété énergétique ancrée dans notre société
Le ministère de la Transition écologique relance pour la troisième année consécutive sa campagne pour la sobriété énergétique en appelant les Français à adopter des écogestes en vue de réduire leur consommation d’énergie cet hiver. Initiée en 2022 en pleine crise énergétique, cette campagne annuelle semble porter ses fruits : la consommation d’énergie a chuté de 12,2 % dès l’hiver 2022-2023 par rapport à l’hiver 2018-2019. Un succès encourageant, certes, mais qui pose une question essentielle : comment inscrire durablement la sobriété énergétique au cœur des modes de vie, bien au-delà des efforts individuels ?
Sobriété énergétique : une habitude nécessaire
Pour Olga Givernet, ministre déléguée à l’Énergie, la sobriété ne doit pas être perçue comme une solution temporaire mais comme un changement de paradigme. En marge des Rencontres de la sobriété énergétique organisées à Paris, elle rappelle : « Ce n’est pas seulement une solution pour passer un hiver difficile, c’est une habitude à prendre ». Même si la crise énergétique n’est plus aussi critique, le besoin de sobriété reste pressant pour atteindre les objectifs climatiques de la France : réduire de 30 % la consommation d’énergie d’ici 2030 et de 50 % d’ici 2050.
Ces cibles ambitieuses mettent en lumière les limites d’une approche reposant uniquement sur des écogestes, surtout dans un contexte où les coûts de l’énergie tendent à baisser, risquant d’amener certains ménages à relâcher leurs efforts. La voie à suivre pour maintenir la dynamique repose donc sur un engagement plus large et collectif, soutenu par une communication autour des bénéfices concrets de la sobriété et des incitations pour accompagner les citoyens dans ce changement.
L’électrification en retard et les défis de l’infrastructure
La transition vers une économie décarbonée nécessite l’électrification rapide des usages, mais l’avancée reste encore lente. Yannick Jacquemart de RTE (Réseau de Transport d’Électricité) explique que les économies réalisées ces dernières années, comme les 12 % de réduction de consommation, libèrent une marge de manœuvre essentielle pour accueillir de nouveaux usages électriques. Pourtant, Olga Givernet déplore le rythme insuffisant de cette électrification, pointant un manque de moyens pour soutenir les efforts des acteurs industriels, notamment ceux du secteur automobile.
L’essor de la sobriété dépend d’investissements importants, en particulier dans les infrastructures pour déployer des solutions d’alimentation à faible émission de carbone. Des choix budgétaires décisifs sont nécessaires pour favoriser des réseaux plus denses et flexibles, tout en évitant que la charge de l’investissement ne repose uniquement sur les ménages et les entreprises.
Vers une sobriété collective : les acteurs privés en première ligne
Plusieurs entreprises ayant déjà intégré la sobriété dans leur stratégie témoignent des avantages que celle-ci a apportés. Bertrand Swiderski, directeur RSE du groupe Carrefour, explique que les actions engagées ont permis de réduire la consommation d’énergie de 18 % en deux ans grâce à des investissements massifs. Cette réussite collective dans le secteur privé démontre la viabilité d’une sobriété énergétique réfléchie, structurée et bénéfique.
Du côté de la Fedene, la fédération des entreprises de services pour l’énergie, on insiste sur la nécessité de passer aux contrats de performance énergétique pour des résultats encore plus durables. Pour les entreprises de l’immobilier, confrontées aux réglementations Bacs et Tertiaire, le dialogue entre propriétaires, gestionnaires et locataires se renforce pour transformer les bâtiments en structures énergétiquement plus responsables.
Transport et législation : la sobriété face aux déplacements
L’un des secteurs restant à conquérir est celui des transports, où la consommation énergétique ne diminue pas encore de façon satisfaisante. La DGEC pointe notamment la nécessité d’accélérer les pratiques comme le covoiturage et la réduction de la vitesse, même si ces initiatives demeurent limitées face aux objectifs de réduction des émissions. En parallèle, l’institut Jacques Delors propose des mesures plus contraignantes et justes socialement pour inciter les gros consommateurs à changer leurs comportements.
Une sobriété partagée et dépolitisée pour demain
L’évolution vers une sobriété énergétique ancrée nécessite de dépasser la simple addition de gestes individuels pour bâtir une conscience collective. Les mentalités évoluent, mais pour que la sobriété devienne une valeur partagée, elle doit être dépouillée de toute dimension partisane. Ce changement pourrait créer une société moins énergivore et plus en phase avec les impératifs climatiques.
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