Alors que le projet de loi de finances pour 2025 est en pleine discussion au Parlement, la ministre de la Transition écologique et de l’Énergie, Agnès Pannier-Runacher, s’est réjouie des avancées budgétaires obtenues pour soutenir la Transition énergétique en France....
Le changement d’heure est-il encore pertinent pour nos économies d’énergie ?
Dans la nuit du samedi 26 au dimanche 27 octobre 2024, les Français ont reculé leurs horloges d’une heure pour entrer dans l’heure d’hiver, une tradition qui remonte aux années 1970, en pleine crise pétrolière. Cette mesure visait initialement à optimiser l’éclairage et à réduire l’utilisation du fioul, une source d’énergie alors omniprésente dans la production d’électricité. Mais alors que la France dépend aujourd’hui davantage de sources décarbonées, comme le nucléaire et les énergies renouvelables, l’impact de cette mesure devient de plus en plus contesté.
Une réduction de consommation de plus en plus marginale
Dans les années 1990, le changement d’heure permettait encore des économies significatives d’électricité. En 1996, il a permis de réduire la consommation annuelle de 1 200 GWh, une économie importante pour une époque où la majorité de l’électricité provenait de sources fossiles, coûteuses et polluantes. Cependant, l’évolution du mix énergétique français a largement diminué ces gains. En 2023, le nucléaire représente la majorité de la production d’électricité en France, suivi par l’hydraulique, l’éolien, et, dans une moindre mesure, le solaire et la biomasse. Les combustibles fossiles, autrefois prépondérants, jouent aujourd’hui un rôle mineur. Ce changement structurel a réduit l’intérêt économique de l’heure d’été.
D’ailleurs, selon l’ADEME, les économies liées au changement d’heure s’élèvent aujourd’hui à environ 351 GWh par an, soit à peine 0,07 % de la consommation annuelle. Une baisse qui s’explique non seulement par le recours au nucléaire, mais aussi par les progrès des technologies d’éclairage LED, bien moins énergivores.
Un effet négligeable sur le chauffage et la climatisation
Contrairement aux attentes initiales, le changement d’heure a peu d’impact sur le chauffage. La consommation pour le chauffage dépend avant tout de la température extérieure, et non de l’heure de la journée. De plus, avec l’augmentation du prix des énergies fossiles, les foyers français se tournent de plus en plus vers des systèmes de chauffage électriques, rendant l’impact de l’heure d’été encore plus négligeable.
L’ADEME estime qu’à l’horizon 2030, les économies potentielles sur le chauffage et la climatisation grâce au changement d’heure pourraient atteindre environ 130 GWh, un chiffre qui reste marginal face aux besoins énergétiques globaux. En 2017, le Parlement européen a d’ailleurs jugé que l’impact du changement d’heure sur la consommation énergétique était « marginal » et a voté pour sa suppression en 2019, bien que cette décision reste en attente de mise en œuvre.
Une efficacité remise en question face aux énergies renouvelables
Avec la montée en puissance de l’énergie solaire, on pourrait penser qu’une heure d’ensoleillement en plus pourrait être bénéfique pour la consommation énergétique. Cependant, l’heure d’été ne change rien à la production photovoltaïque : les panneaux solaires produisent le plus d’électricité autour de midi, quand le soleil est à son zénith. En hiver, de toute façon, la production solaire est naturellement plus faible, réduite d’environ trois fois par rapport à l’été.
Vers la fin de cette tradition ?
Le changement d’heure est donc devenu un rituel de moins en moins pertinent sur le plan énergétique. Alors que les technologies de production et d’économie d’énergie continuent de progresser, cette mesure apparaît de plus en plus comme un vestige d’une époque révolue. Avec l’électricité de plus en plus décarbonée et l’efficacité de l’éclairage qui s’améliore, la suppression du changement d’heure semble inévitable. En attendant, ce débat récurrent souligne l’importance d’adapter nos politiques énergétiques aux réalités techniques et environnementales actuelles.
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