Budget 2025 : l’avenir des énergies renouvelables en péril selon les acteurs de la chaleur renouvelable

Les professionnels du secteur de la chaleur renouvelable montent au créneau. À l’approche des arbitrages budgétaires, la Fédération des services énergie environnement (Fedene) s’inquiète d’une coupe majeure dans le financement de l’Agence de la transition écologique (Ademe), essentielle pour soutenir la décarbonation de la production de chaleur, encore très dépendante des énergies fossiles.

Une baisse budgétaire alarmante

L’année 2025 pourrait être celle d’un coup d’arrêt brutal pour les nouveaux projets de chaleur renouvelable. C’est en tout cas la mise en garde émise par la Fedene suite à la révélation d’une lettre plafond envoyée par Matignon, prévoyant une baisse de 35 % du budget d’intervention de l’Ademe. Cette coupe drastique pourrait faire passer le financement du Fonds chaleur, clé de voûte du soutien public à la transition énergétique, de 800 millions d’euros en 2024 à seulement 500 millions pour 2025.

Pour Pierre de Montlivault, président de la Fedene, cette réduction serait catastrophique. Lors d’un point presse organisé par l’Association des journalistes de l’énergie (AJE), il a exprimé son indignation : « Ce n’est pas un vrai projet de budget », a-t-il déclaré, dénonçant l’absence de concertation entre les ministères concernés. La Fedene estime que, pour atteindre les objectifs nationaux en matière de chaleur renouvelable, ce fonds devrait être augmenté à 1,3 milliard d’euros dès 2025 et 3 milliards d’ici 2030.

La chaleur, un enjeu clé mais négligé

Peu médiatisée, la chaleur représente pourtant près de 45 % de la consommation énergétique en France, bien plus que l’électricité (25 %). Cependant, la production de chaleur reste largement tributaire des énergies fossiles, responsables d’environ 70 % des émissions de CO2 du secteur.

Si le mix électrique français est déjà majoritairement décarboné grâce au nucléaire et aux énergies renouvelables, la transition énergétique du secteur de la chaleur traîne. Les solutions actuelles, comme la biomasse, sont insuffisantes et souvent critiquées pour leur bilan carbone incertain. D’autres alternatives, telles que la géothermie, le solaire thermique ou les combustibles solides de récupération, peinent encore à se développer à grande échelle.

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Des investissements publics essentiels

La production de chaleur renouvelable reste coûteuse, bien plus que celle à partir de gaz naturel. Le soutien public est donc indispensable pour financer ces technologies innovantes. En moyenne, près de 40 % des coûts d’un projet de chaleur renouvelable sont couverts par des subventions publiques. Ce soutien est d’autant plus crucial que ces infrastructures ne sont pleinement rentabilisées qu’en hiver, période de forte demande de chaleur.

La Fedene souligne également l’efficience économique du Fonds chaleur : une tonne de CO2 évitée via ces projets coûte seulement 36 euros à la collectivité, contre plusieurs centaines d’euros pour la rénovation énergétique des logements. Cet argument pourrait convaincre les parlementaires et le gouvernement de maintenir, voire d’augmenter, les investissements dans la chaleur renouvelable.

Un dialogue important avec les parlementaires

Dans un contexte d’arbitrage budgétaire tendu, la Fedene a entamé une série de discussions avec les parlementaires pour plaider sa cause. « La chaleur renouvelable est un sujet consensuel et transpartisan », assure Pierre de Montlivault. En effet, ces projets ne grèvent pas directement les budgets des collectivités, car les investissements sont portés par les entreprises exploitantes, sélectionnées par appel d’offres. Les coûts sont ensuite amortis sur 20 ans et refacturés aux consommateurs.

La fédération espère que ces rendez-vous déboucheront sur une prise de conscience des enjeux liés à la chaleur renouvelable. En l’absence de financement adéquat, la France risque de manquer ses objectifs de décarbonation et de retarder encore la transition énergétique dans un secteur clé mais trop souvent relégué au second plan.

Une mobilisation indispensable

Alors que la France ambitionne d’atteindre 52 % de chaleur renouvelable d’ici 2030, les coupes budgétaires prévues pour 2025 représentent une véritable menace pour cet objectif. La Fedene tire la sonnette d’alarme : sans un soutien financier renforcé, l’année prochaine pourrait marquer un recul dramatique dans la lutte contre le changement climatique. Le dialogue avec les parlementaires sera déterminant pour garantir que la chaleur renouvelable, véritable levier de la transition énergétique, reçoive l’attention et les moyens qu’elle mérite.

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