Une réponse en grande partie assurée par les renouvelables
Cette explosion de la demande aurait pu se traduire par une flambée des émissions de CO₂. Mais l’essor des énergies bas carbone a permis de limiter la casse. Les renouvelables ont absorbé l’essentiel de la hausse, avec un record historique de 700 GW de nouvelles capacités installées en 2024. Le nucléaire n’est pas en reste, avec 7 GW supplémentaires (+33 % par rapport à 2023).
En tout, 80 % de l’augmentation de la production mondiale d’électricité ont été assurés par les énergies renouvelables et le nucléaire, qui représentent désormais 40 % de la production mondiale d’électricité. Un seuil symbolique franchi pour la première fois.
Fossiles : recul du pétrole, résistance du gaz et du charbon
Dans ce contexte de transition, le pétrole recule pour la première fois sous les 30 % de la demande énergétique mondiale, cinquante ans après son pic à 46 %. Ce repli s’explique notamment par la percée des voitures électriques, qui compensent en grande partie la hausse de la demande dans l’aviation et la pétrochimie.
Le gaz naturel, lui, résiste bien, avec une hausse de 2,7 % en 2024, tandis que le charbon continue de croître (+1 %), dopé par des pics de consommation estivaux en Chine et en Inde. Les vagues de chaleur extrême dans ces deux pays ont fortement accru les besoins en climatisation.
Moins d’émissions, malgré une demande en hausse
La hausse des émissions de CO₂ liées à l’énergie reste contenue à +0,8 %, bien en deçà de la croissance énergétique globale. Les économies avancées enregistrent même une baisse de 1,1 % de leurs émissions, retrouvant un niveau inédit depuis les années 1970, alors que leur PIB a triplé sur la même période.
Depuis 2019, le déploiement des technologies propres (solaire, éolien, nucléaire, voitures électriques, pompes à chaleur) permet d’éviter l’émission de 2,6 milliards de tonnes de CO₂ par an, soit 7 % des émissions mondiales.
Une transition à accélérer
La dynamique actuelle montre que la croissance économique peut de plus en plus s’émanciper de l’empreinte carbone. Mais cette tendance reste fragile. La persistance du recours aux combustibles fossiles, combinée à l’intensification des événements climatiques extrêmes, souligne l’urgence d’accélérer la transition énergétique.
2024 pourrait bien rester comme l’année où l’électricité a changé la donne. À condition que l’élan actuel ne faiblisse pas.