Nouveau gouvernement : les acteurs de l’énergie réclament des engagements fermes sur la planification écologique

Alors que le gouvernement de Michel Barnier s’apprête à prendre forme, les attentes sont élevées dans le secteur de l’énergie. Les professionnels du domaine réclament des garanties claires sur la planification écologique, un dossier essentiel pour répondre aux enjeux climatiques actuels. De nombreux acteurs appellent également au retour d’un ministère de l’Énergie autonome pour garantir la mise en œuvre de la transition énergétique.

Une attente forte autour de la planification écologique

Le nouveau Premier ministre Michel Barnier, attendu pour dévoiler son gouvernement d’ici la fin de la semaine, fait face à une pression croissante de la part des acteurs de l’énergie. Ces derniers craignent que les arbitrages budgétaires, nécessaires pour rétablir l’équilibre des finances publiques, viennent compromettre les initiatives écologiques déjà engagées. Jules Nyssen, président du Syndicat des énergies renouvelables (SER), met en garde : « Retarder des dossiers clés ou sacrifier des outils comme MaPrimeRénov’ ou le bonus écologique sur les véhicules électriques pourrait tuer le mouvement de progrès enclenché ces dernières années. »

La planification écologique, pierre angulaire de la transition énergétique, nécessite des engagements forts pour garantir sa continuité, en dépit des contraintes budgétaires. Le SER plaide pour la création d’un ministère de l’Énergie à part entière, similaire à celui dirigé par Agnès Pannier-Runacher jusqu’en janvier 2024. Ce ministère aurait pour mission d’assurer que la transition énergétique ne soit plus reléguée au second plan à Bercy et d’offrir des réponses concrètes, notamment sur le développement de l’éolien en mer, en attendant le lancement des prochains appels d’offres cruciaux pour la filière.

Commencez à économiser sur vos factures dès maintenant ! Cap Soleil Energie a les solutions

La nécessité d’une loi de programmation énergie-climat

Le SER et d’autres organisations du secteur insistent également sur la mise en œuvre rapide de la Stratégie française énergie-climat (Sfec), un projet lancé en novembre dernier et intégré dans le Plan national intégré énergie-climat (Pniec) soumis à la Commission européenne en juillet. Ce plan, essentiel pour coordonner les efforts énergétiques à long terme, doit se traduire en une loi de programmation énergie-climat (LPEC). Malgré une obligation légale inscrite depuis 2019, cette loi est en retard de plus d’un an, bloquant les avancées sur des dossiers clés comme la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) ou la Stratégie nationale bas carbone (SNBC).

La question du « bouclage biomasse »

Un autre point de friction concerne le « bouclage biomasse », un enjeu essentiel pour l’indépendance énergétique et la décarbonation. En mars, plusieurs établissements publics ont constitué un groupement d’intérêt scientifique (GIS) pour définir les usages prioritaires des biomasses, mais les premières projections du Secrétariat général à la planification écologique (SGPE), publiées en juillet, sont loin de faire consensus. Ces projections prévoient un déficit de biomasse, créant des tensions entre les besoins en bioénergies, les objectifs agricoles et alimentaires, et les capacités réelles de production.

Frédéric Coirir, vice-président du SER, critique une mauvaise estimation de la consommation future de bois-énergie, qui freinerait le potentiel de croissance de cette filière. De son côté, Laurence Poirier-Dietz, directrice générale de GRDF, souligne la nécessité d’une approche différenciée selon les types de biomasses, appelant à soutenir la production de biométhane à partir de résidus agricoles.

Vers une ambition européenne maintenue

Au niveau européen, la reconduction d’Ursula von der Leyen à la présidence de la Commission européenne soulève également des questions sur l’avenir de la transition écologique au sein de l’Union. Bien que des avancées notables aient été réalisées avec le Pacte vert européen, des voix s’élèvent pour maintenir une trajectoire ambitieuse en matière de décarbonation. Yves Marignac, porte-parole de l’institut Négawatt, prévient que l’Europe devra trouver un équilibre entre compétitivité économique et transition énergétique pour continuer à jouer un rôle moteur sur la scène internationale.

Les défis restent nombreux : de la définition de l’hydrogène renouvelable à l’issue des discussions sur les biocarburants, en passant par la clause de revoyure de 2027 sur l’interdiction des véhicules thermiques. Les acteurs de l’énergie, en France comme en Europe, attendent des réponses claires et des décisions concrètes pour éviter tout ralentissement de la transition écologique.

0 commentaires

Soumettre un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *