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Royaume-Uni : fin de la production d’électricité au charbon après 142 ans
C’est une page de l’histoire énergétique britannique qui se tourne : ce 30 septembre, la centrale à charbon de Ratcliffe-on-Soar, située dans le Nottinghamshire, a produit ses derniers kilowattheures. Après 57 ans de service, cette installation emblématique marque la fin de 142 ans d’électricité générée au charbon dans ce pays, là où tout avait commencé avec la première centrale mondiale, mise en service en 1882 à Holborn Viaduct, à Londres.
Le Charbon : moteur de la révolution industrielle, mais éreinté par la transition énergétique
Symbole même de la révolution industrielle, le charbon a été la pierre angulaire de l’industrialisation britannique. Son usage massif a permis au pays de s’affirmer comme un pionnier de l’industrialisation et de garantir une énergie bon marché et abondante. Pourtant, même les symboles les plus puissants finissent par s’effacer face aux impératifs environnementaux et économiques.
Le charbon représentait encore 40 % du mix électrique britannique en 2012, mais il s’est progressivement retrouvé marginalisé. D’un côté, la montée en puissance des énergies renouvelables et du gaz naturel, et de l’autre, une politique de prix plancher sur le carbone, ont contribué à réduire la compétitivité de cette énergie fossile à fort impact climatique.
Un plan de fermeture anticipé par Londres
La fermeture de Ratcliffe-on-Soar est le dernier chapitre d’une stratégie planifiée de longue date. En 2017, le Royaume-Uni avait fixé pour objectif la fermeture des dernières centrales à charbon d’ici octobre 2025. L’objectif a été par la suite avancé d’un an, à octobre 2024, à la veille de la COP26 qui s’est tenue à Glasgow en 2021. Ce calendrier ambitieux reflète la volonté du pays de devenir un acteur de premier plan dans la lutte contre le changement climatique.
Ratcliffe-on-Soar rejoint ainsi les autres centrales charbonnières britanniques, dont West Burton, Drax, Alerthaw et Fiddlers Ferry, qui ont cessé leurs activités au cours des dernières années. Le Royaume-Uni devient le premier pays du G7 à sortir complètement du charbon, devant la France, dont la fermeture des dernières centrales a été plusieurs fois reportée.
Un nouveau mix énergétique en construction
Avec la fermeture de Ratcliffe-on-Soar, le Royaume-Uni franchit une étape symbolique vers une transition énergétique plus verte. En 2023, plus de 55 % de l’électricité du pays provenait de filières bas carbone (éolien, solaire, biomasse, hydroélectricité et nucléaire), selon les données du gestionnaire de réseau National Grid ESO. Le gaz naturel reste néanmoins la première source d’électricité, comptant pour 32 % du mix, devant l’éolien (29,4 %) et le nucléaire (14,2 %).
La centrale de Ratcliffe-on-Soar, avec sa capacité de près de 2 GW, avait la capacité de répondre aux besoins électriques de deux millions de foyers britanniques. Sa fermeture est le symbole de la mutation du pays vers une énergie plus propre et la volonté du Royaume-Uni de réduire son intensité carbone.
Le Royaume-Uni : vers une « superpuissance des énergies vertes »
L’arrêt de la dernière centrale à charbon n’est pas qu’un acte de fermeture, c’est aussi le début d’une ambition renouvelée. Fin juillet 2024, le gouvernement britannique, désormais dirigé par les travaillistes, a annoncé un vaste plan pour faire du pays une « superpuissance des énergies vertes ». Ce projet s’appuie notamment sur la création de « Great British Energy » (GBE), une société publique d’investissement qui devrait jouer un rôle crucial dans le développement de 20 à 30 GW de nouvelles capacités éoliennes offshore d’ici à 2030.
Le Royaume-Uni vise la décarbonation totale de son secteur électrique d’ici 2035. Bien que les fossiles représentent encore une grande partie de l’énergie primaire consommée (77 % en 2022, contre 87 % en 2010), la trajectoire est résolument orientée vers une réduction drastique des émissions.
Défis restants et comparaison européenne
Malgré ces efforts remarquables, l’intensité carbone moyenne de l’électricité britannique reste encore élevée par rapport à la France, qui bénéficie de sa forte dépendance au nucléaire. En 2023, le Royaume-Uni affichait une intensité de 149 g de CO2 par kWh produit, contre seulement 32 g de CO2eq par kWh en France. Cette différence souligne l’ampleur du chemin à parcourir pour que l’électricité britannique devienne aussi verte que celle de son voisin européen.
Le Royaume-Uni a pris un tournant décisif en abandonnant le charbon, autrefois synonyme de modernité et de progrès industriel. Cette sortie du charbon s’inscrit dans une dynamique mondiale de décarbonation, qui, même si elle se heurte à des obstacles économiques et politiques, témoigne d’une volonté croissante de réduire les émissions et de construire un avenir énergétique durable. La fermeture de la centrale de Ratcliffe-on-Soar est un acte fort, une déclaration d’intention en faveur d’un avenir libéré des énergies fossiles, et un exemple que de nombreuses autres nations, à commencer par celles du G7, pourraient suivre dans les années à venir.
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