Un nouveau mix énergétique en construction
Avec la fermeture de Ratcliffe-on-Soar, le Royaume-Uni franchit une étape symbolique vers une transition énergétique plus verte. En 2023, plus de 55 % de l’électricité du pays provenait de filières bas carbone (éolien, solaire, biomasse, hydroélectricité et nucléaire), selon les données du gestionnaire de réseau National Grid ESO. Le gaz naturel reste néanmoins la première source d’électricité, comptant pour 32 % du mix, devant l’éolien (29,4 %) et le nucléaire (14,2 %).
La centrale de Ratcliffe-on-Soar, avec sa capacité de près de 2 GW, avait la capacité de répondre aux besoins électriques de deux millions de foyers britanniques. Sa fermeture est le symbole de la mutation du pays vers une énergie plus propre et la volonté du Royaume-Uni de réduire son intensité carbone.
Le Royaume-Uni : vers une « superpuissance des énergies vertes »
L’arrêt de la dernière centrale à charbon n’est pas qu’un acte de fermeture, c’est aussi le début d’une ambition renouvelée. Fin juillet 2024, le gouvernement britannique, désormais dirigé par les travaillistes, a annoncé un vaste plan pour faire du pays une « superpuissance des énergies vertes ». Ce projet s’appuie notamment sur la création de « Great British Energy » (GBE), une société publique d’investissement qui devrait jouer un rôle crucial dans le développement de 20 à 30 GW de nouvelles capacités éoliennes offshore d’ici à 2030.
Le Royaume-Uni vise la décarbonation totale de son secteur électrique d’ici 2035. Bien que les fossiles représentent encore une grande partie de l’énergie primaire consommée (77 % en 2022, contre 87 % en 2010), la trajectoire est résolument orientée vers une réduction drastique des émissions.
Défis restants et comparaison européenne
Malgré ces efforts remarquables, l’intensité carbone moyenne de l’électricité britannique reste encore élevée par rapport à la France, qui bénéficie de sa forte dépendance au nucléaire. En 2023, le Royaume-Uni affichait une intensité de 149 g de CO2 par kWh produit, contre seulement 32 g de CO2eq par kWh en France. Cette différence souligne l’ampleur du chemin à parcourir pour que l’électricité britannique devienne aussi verte que celle de son voisin européen.
Le Royaume-Uni a pris un tournant décisif en abandonnant le charbon, autrefois synonyme de modernité et de progrès industriel. Cette sortie du charbon s’inscrit dans une dynamique mondiale de décarbonation, qui, même si elle se heurte à des obstacles économiques et politiques, témoigne d’une volonté croissante de réduire les émissions et de construire un avenir énergétique durable. La fermeture de la centrale de Ratcliffe-on-Soar est un acte fort, une déclaration d’intention en faveur d’un avenir libéré des énergies fossiles, et un exemple que de nombreuses autres nations, à commencer par celles du G7, pourraient suivre dans les années à venir.